« C’est une très mauvaise habitude »… Pourquoi faire pipi sous la douche n’est pas bon pour votre santé
Certains trouvent ça dégoûtant. Mais pour d’autres, c’est un réflexe matinal immuable. En écartant légèrement les jambes et avec la ferme idée d’aider à sauver la planète, des milliers d’hommes et de femmes urinent sous la douche, dans l’espoir de gagner un peu de temps… mais surtout d’économiser les trois litres d’une chasse d’eau. Efficace pour la planète ? Sans doute un peu, oui. « Quelques gouttes suffisent », comme le chantait le groupe de rap Arsenik en 1998. Mais ces quelques gouttes, ne faudrait-il pas les retenir dans notre vessie plutôt que de les laisser s’échapper dans une bonde encombrée de cheveux ? C’est en tout cas l’avis de plusieurs professionnels de santé, lesquels alertent sur les risques de s’habituer à faire pipi sous la douche.
Dans un communiqué qui a arrosé l’ensemble des rédactions de ce pays, la marque de cabine de douches Showers to you affirme que « selon une enquête récente, 76 % des personnes admettent uriner sous la douche ». On ne connaîtra ni la méthodologie, ni le panel de l’étude.
C’est le cerveau qui parle
Dans le même registre, la société anglaise affirme que cette pratique aurait un véritable impact sur la consommation d’eau, avec une économie estimée entre 2.555 et 4.380 litres d’eau par an pour un foyer moyen. Après un rapide calcul, on peut penser l’estimation exagérée. Mais on peut s’accorder à dire que, sur le plan environnemental, la pratique semble vertueuse.
Sur le plan de la santé, le constat est loin d’être aussi unanime. Dans son communiqué, la marque britannique partage les conclusions du Dr Hana Patel. Selon la médecin généraliste, uriner sous la douche peut « aider à détendre les muscles du plancher pelvien et à vider la vessie plus complètement », à condition d’être assis ou accroupi. La professionnelle de santé affirme que « le bruit de l’eau courante peut faciliter l’urination ». C’est vrai et c’est pratique pour ceux qui ont du mal à y aller, leur offrant un moment apaisé, contribuant à détendre les muscles de la vessie.
Mais pour tous les autres, le pipi sous la douche serait un réflexe qu’il vaudrait mieux ne pas garder. « C’est une très mauvaise habitude », tranche Sandrine, kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation périnéale. « On appelle ça des urgences mictionnelles, et ça peut être très gênant. Quand on prend l’habitude d’uriner sous la douche, notre cerveau associe le bruit de l’eau au fait d’uriner. Après, on voit parfois des femmes qui ne peuvent plus se retenir quand elles vont se laver les mains ou qu’elles entendent la pluie tomber ». Une réaction générée par notre cerveau, qui envoie un signal contractant la vessie et provoquant cette envie si pressante. Le même phénomène peut se produire lorsqu’il fait froid ou en période de stress (le fameux « pipi de la peur » avant un match).
« Faire attention à la maîtrise de son périnée »
Le sujet est pourtant très sérieux. La kinésithérapeute l’assure : dans la très grande majorité des cas, les femmes souffrant de ces instabilités vésicales sont adeptes du pipi sous la douche. « C’est un sujet assez mal connu », reconnaît la praticienne. Bernadette de Gasquet, médecin et professeure de yoga spécialisée dans la rééducation périnéale, partage le même avis. « Parfois, la vessie est un peu sensible. Si on l’habitue à se vider à chaque fois qu’on a un contact avec l’eau, le corps risque d’avoir le même réflexe à chaque fois », assure la médecin.
N’allez pas non plus imaginer que vous risquez votre vie à garder cette routine. « Si on le fait de temps en temps, il ne va pas se passer grand-chose non plus ». Bernadette de Gasquet conseille cependant de « faire attention à la maîtrise de son périnée » notamment pour les femmes, plus sensibles à ces problématiques.
Faire du calcul mental en se lavant les mains
Et pour celles et ceux qui auraient du mal à se retenir, des petits exercices permettent de « s’entraîner » à ne pas vidanger sans le vouloir. « Ce sont des faux besoins car le cerveau envoie un faux message. Il faut le court-circuiter en occupant notre cerveau à faire autre chose. J’ai des patientes qui font du calcul mental quand elles se lavent les mains, par exemple », conseille la kinésithérapeute. 428 x 18 = culotte sèche.