Laïcité, rencontre avec Macron… Ce qu’il faut retenir du voyage du pape en Corse
C’est la première fois qu’un pape venait en visite d’Etat sur l’île de Beauté et les Corses se sont rendus en nombre pour tenter d’approcher le chef des catholiques. Le président Emmanuel Macron était lui-même de la partie et a rencontré le souverain pontife à l’aéroport, juste avant son départ en fin de journée. « C’est un grand honneur pour la ville d’Ajaccio, pour la Corse et pour la France de vous accueillir », a partagé le chef de l’Etat. Il en a profité pour lui remettre le livre officiel de la restauration de Notre-Dame de Paris alors même que le pape François avait snobé la cérémonie la semaine dernière… Emmanuel Macron lui a aussi remis une édition ancienne d’un poème de l’écrivain catholique Charles Péguy (1873-1914), « Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres ».
Lors de leur court entretien à l’aéroport, le pape et le président de la République ont évoqué la catastrophe qui vient de toucher Mayotte. « Je veux avoir une pensée pour nos compatriotes à Mayotte qui ont subi ces dernières heures le plus terrible et qui pour certains, ont tout perdu, ont perdu la vie », a affirmé le président français. Il a souhaité avoir « cette pensée pour eux en étant avec (le pape François) aujourd’hui » et promis « d’agir » pour ce département, le plus pauvre de France, touché par un cyclone qui a fait selon le préfet « certainement plusieurs centaines de morts ».
Des milliers de spectateurs pour la messe papale
En fauteuil roulant, avec encore un hématome au visage, résultat d’une chute au saut du lit il y a quelques jours, il était arrivé peu avant 9h dimanche matin pour cette visite, la première jamais organisée par un pape en Corse. Arrivé en fin d’après-midi au théâtre de verdure du Casone, sur les hauteurs d’Ajaccio, le pape a délivré son homélie devant une foule de 9.000 personnes composée de fidèles, évêques et membres des confréries.
Vêtu d’une cape rose caractéristique du troisième dimanche de l’Avent dans la liturgie catholique, il a remercié le cardinal de Corse François-Xavier Bustillo « pour toute cette journée au cours de laquelle (il s’est) senti à la maison ». « Cette journée est une vraie onction pour la Corse », lui a répondu le cardinal avant de lui offrir, à la nuit tombante, une partition du XIe siècle d’un couvent de Sartène.
Au total, quelque 17.400 personnes ont suivi la messe, selon une source sécuritaire, soit directement au Casone soit sur des écrans géants installés notamment place Miot, une grande esplanade face à la mer.
« Un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique »
Chaudement applaudi, salué par les cris « evviva u papa ! » ( « vive le pape » en corse), François avait parcouru la ville en papamobile sous un soleil radieux, bénissant de nombreux enfants sur son passage, une dame de 108 ans et… une pizza tendue par un commerçant local.
Dans cette île qui affiche 80 % de catholiques (selon le Vatican), le pape a défendu dimanche matin « un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique », en clôture d’un congrès sur la religiosité populaire en Méditerranée.
Sur ce sujet objet de polémiques récurrentes en France, il a plaidé pour une laïcité capable « de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace ».
Il a également mis en garde contre « le risque » que « la piété populaire soit utilisée, instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d’exclusion », dans un message pouvant s’adresser aux nationalistes corses.
Des messages sur des sujets internationaux
Dans un second discours à la cathédrale, le jésuite argentin a lancé un appel en faveur de « la paix » pour « tout le Moyen-Orient » mais aussi « pour le peuple ukrainien et le peuple russe ». « Paix pour le monde entier », a-t-il conclu, en citant notamment la Palestine, Israël, le Liban et la Syrie.
Après avoir récité la prière de l’Angélus, le souverain pontife a également dit « soutenir par l’esprit » les victimes du cyclone qui a dévasté la veille l’archipel de Mayotte, y faisant « certainement plusieurs centaines » de morts, « peut-être » même « quelques milliers », selon le préfet de ce département le plus pauvre de France.