France

Helena s’est « battue » pour pouvoir sortir « Mauvais garçon » en single 

Helena croit en sa bonne étoile et elle a bien raison. Ces derniers mois, le chemin de la demi-finaliste de la précédente saison de « Star Academy » est pavé de succès. Ses deux premières chansons, Aimée pour de vrai et Summer Body, sont certifiées disque d’or et son dernier single, Mauvais garçon est bien parti sur la même voie. Plus stupéfiant encore : alors qu’elle n’a sorti aucun album – son premier opus est attendu pour début 2025 –, les places pour sa future tournée des Zénith se vendent sans aucun problème. Autre honneur : Forbes Belgique l’a récemment récompensée en la faisant figurer parmi les 30 Belges de moins de 30 ans à suivre… Si bien d’autres, à sa place, auraient été grisés par cette réussite, l’artiste de 22 ans fait preuve de maturité et conserve le naturel et la simplicité qui l’ont rendue si attachante auprès du public du télécrochet de TF1. 20 Minutes l’a rencontrée pour faire le bilan de l’année écoulée.

Il y a un an, vous étiez en plein dans « Star Academy ». Vous souvenez-vous dans quel état d’esprit vous étiez à la même époque ?

Je venais d’apprendre que je faisais la tournée. J’avais passé le cap de mon premier objectif et je me disais que je pouvais partir tranquillement. J’avais envie d’aller jusqu’au bout mais mon aventure me suffisait, j’étais dans le château depuis deux mois, j’avais tellement appris et je savais que j’avais encore tellement de choses à apprendre. Je ne savais pas du tout où je voulais aller musicalement parlant, je ne réfléchissais pas à l’après. Je crois beaucoup au destin, alors j’ai laissé les choses aller en me disant que je verrais bien ce qu’il se passerait. Quand je regarde ce qui est arrivé depuis un an, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance.

Vous ne saviez pas où vous vouliez aller musicalement, pourtant, votre première chanson, « Aimée pour de vrai » est sorti rapidement après l’émission, en mars. Comment les choses se sont-elles enclenchées ?

J’ai toujours dit que je savais qu’un piano et ma voix me suffisaient. On nous avait promis à tous un single. C’est pour cela que c’est allé très vite après. Quelque chose était déjà prêt pour moi alors que j’étais encore dans le château. Avant qu’on me fasse écouter la chanson, Aimée pour de vrai, j’avais très peur. Les personnes qui l’ont écrite ne me connaissaient pas, ne savaient pas ce que je voulais parce que même moi je ne le savais pas. A la première écoute, j’ai pleuré direct, j’ai compris qu’ils étaient dans le bon et m’avaient comprise via ce qu’on avait pu leur dire de moi. Cette chanson était un gros résumé de ce que j’avais pu raconter au château. Elle est sortie, et ça a pris, ça a plu, alors que c’est « une chanson « Star Ac » ». Je n’avais pas l’impression que c’était la mienne. J’ai mis du temps à me l’approprier. C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’avais envie d’écrire, d’aller en studio, de découvrir toute cette partie du métier que je ne connaissais pas.

L’inspiration est venue facilement ?

Je me disais que ce ne devait pas être compliqué d’écrire parce que j’avais plein de choses à dire et que j’aime la langue française et les mots Je ne me rendais pas compte. C’est facile d’écrire une chanson, mais ce n’est pas facile d’écrire une bonne chanson. Mes premières séances au studio ont eu lieu pendant la tournée de « Star Academy » au printemps. Je n’avais pas beaucoup de temps, il fallait aller vite, trouver des créneaux, j’étais fatiguée et pas forcément dans le moment présent. Puis j’ai repensé à ce que Patrick Bruel m’avait dit sur un prime : « Ecrire, c’est prendre une feuille et un crayon. Tu peux le faire partout et n’importe quand. » J’ai alors décidé de réfléchir en amont à ce que j’avais envie de dire pour ne pas arriver au studio en demandant ce qu’on allait faire. J’ai rencontré Vinsha qui est le coauteur de toutes mes chansons. On a parlé pendant deux heures de ma vie, de ma vision de la musique et plusieurs thématiques ont émergé. Il a su mettre de la magie sur mes mots.

Parmi toutes les chansons que vous avez écrites, y en a-t-il que vous n’avez pas conservé ?

Deux sont allées au cimetière des chansons. Elles ne verront, je pense, jamais le jour. Elles ne me plaisaient plus quand je voyais l’album dans sa globalité. Je suis quand même contente d’avoir pu mettre des chansons de côté parce que je sais que quand il faut aller vite, souvent, on n’en fait que dix et ça fait un album. Je ne voulais pas garder une chanson qui ne me plaisait pas à 100 %.

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Le succès de « Summer body » vous a confirmé que vous étiez dans la bonne voie ?

J’ai l’impression que c’est vraiment ma première chanson. J’ai été là du début à la fin de sa conception. C’était une thématique que je voulais absolument aborder car mon corps fait partie de mes plus gros complexes depuis que je suis toute petite. Vincha m’expliquait qu’il existait déjà beaucoup de chansons parlant de l’acceptation de soi, du rapport au corps et que c’était dur de trouver le bon angle. Quand les beaux jours sont arrivés, l’idée du « summer body » m’est venue parce que j’ai l’habitude de le préparer dès les printemps. Cette fois-ci je n’avais pas eu le temps parce que j’étais en pleine tournée. Je vivais ma vie et j’étais hyper heureuse comme ça. Je m’en foutais de ne pas avoir perdu mes trois kilos avant l’été. J’ai écrit cette chanson pour moi, sans me rendre compte que je l’écrivais peut-être aussi pour les autres. Quand j’ai vu à quel point elle a pu toucher les gens – j’ai reçu énormément de messages de personnes me remerciant et me disant que grâce à moi elles avaient acheté des maillots deux pièces ou sortaient les bras découverts – je me suis dit que c’était ce que je voulais faire toute ma vie. Ecrire des chansons pour me libérer d’un poids et qu’elles libèrent ensuite le poids des autres.

Chanter « Mauvais garçon », sur une relation toxique, c’est libérateur aussi ?

Oui. (Elle sourit) J’ai l’impression de porter des gros messages sans le faire exprès. Je raconte ma vie et, malgré moi, je transmets des messages importants. Mauvais garçon est libératrice parce que c’est mon histoire. Cela a été trop gros dans ma vie pour que je n’en parle pas. Je n’aurais pas pu l’écrire il y a trois ans. Aujourd’hui, j’ai du recul, c’était il y a six ans. Je suis assez forte pour pouvoir assumer le texte, parce que je sais qu’après il y a les interviews, les questions qui en découlent.

Vous avez pu résister au formatage qui peut être imposé à des talents sortant d’un télécrochet ou avez-vous dû faire quelques concessions ?

Je ne sais pas si c’est une question de chance, d’équipe ou de label mais je n’ai jamais eu l’impression d’être forcée de quoi que ce soit. On ne m’a pas imposé de faire tel type de chansons, dans telle sonorité. Je suis allée en studio avec Vincha et j’ai fait ce que j’ai voulu. Je les remercie pour ça parce que quand on sait qu’il y a Sony derrière, que c’est une grosse major, on peut penser qu’il faut faire des albums vite, que ça fasse de l’argent… Une fois que j’ai capté où je voulais aller, j’ai toujours su suivre cette ligne. Je me suis battue pour sortir Mauvais garçon en single. Je suis dans la boucle de tous les mails, je vois tout ce qu’il se passe, je ne veux pas qu’on me mette de côté. Cela me paraît logique que ce soit moi qui choisisse.

Sortir « Mauvais garçon » n’était pas un choix évident ?

Non. Mais maintenant, ça paraît évident pour tout le monde (elle rit). Mauvais garçon a fait peur à certaines personnes qui se sont demandé si, après Summer Body, ça n’allait pas déstabiliser le public… J’étais convaincue que si cette chanson sortait, les gens allaient être intrigués et se demanderaient à quoi pourrait bien ressembler l’album avec des sons aussi différents. A mes yeux, ça attise encore plus la curiosité autour du disque.

Comment expliquez-vous le succès de « Mauvais garçon » ?

Je pense que la musicalité a surpris. Elle m’a ouverte à un autre public, au-delà de celui de la « Star Ac ». Avant, très peu d’hommes m’écoutaient, et là, plein de potes mecs à moi qui ne s’intéressent pas spécialement mes sons parce qu’ils ne sont pas très ballades ni pop ou variété française m’ont assuré qu’ils l’écoutaient en boucle. Je trouve ça cool !

Le public de « Star Academy » est très investi, voire très intense. Ce n’est pas trop difficile de voir vos moindres gestes scrutés, décortiqués, interprétés ?

Ça fait peur, parfois. Mais en même temps, je sais que sans eux, je n’en serais pas là. Il y a très peu d’artistes qui annoncent une tournée des Zénith sans avoir fait d’album. Et cela, c’est uniquement à ce public-là que je le dois. Il est parfois intense, mais tellement présent ! Quand je suis sortie de « Star Academy », je n’étais pas trop réseaux sociaux. J’avais du mal à poster de manière naturelle mais on me disait qu’il fallait que je garde le contact, que je ne donne pas l’impression de disparaître tout d’un coup. J’ai commencé à poster des stories sur Insta et à chaque fois j’ai vu l’engouement que ça créait, les gens étaient tellement contents quand je disais quelque chose. C’est du donnant-donnant. Ils me donnent tellement, je dois leur donner en retour. Et maintenant, j’apprécie de poster sur les réseaux, j’en joue beaucoup aussi. Dans mon canal, je suis devenue proche des abonnés.

Remplir des Zénith sans que votre album soit sorti, ça ne met pas un peu la pression ?

Ça ne met pas de pression, c’est le rêve. Ce n’était pas prévu. Avec mon tourneur, au départ, on ne parlait pas de grandes salles ni d’Olympia. C’est grâce à la demande des gens qui étaient mécontents de ne pas avoir tous pu avoir leur place qu’on a lancé la tournée des Zénith. Ils sont prêts à venir me voir sans savoir ce qu’ils vont écouter, juste parce qu’ils m’aiment moi et ma voix ? J’ai envie de bien faire, de ne pas les décevoir. Mais je suis tellement confiante sur l’album qui va sortir. Il vient tellement de mon cœur que si les gens m’aiment, ils aimeront la plupart de mes chansons.

La grandeur des Zénith est-elle compatible avec les chansons intimistes ?

Quand on a annoncé la tournée des Zénith, j’avoue que ça a changé mon état d’esprit en studio. Même pour la « petite tournée », quand j’ai su qu’on allait faire une vingtaine de dates, j’ai dit « Les gars, les ballades, c’est terminé ! Plus personne ne touche un piano, je veux de la guitare électrique et on va s’éclater » (rires). J’ai envie qu’on s’amuse à mes concerts, que le public passe par plein d’émotions et non qu’il ressorte en soufflant et en pensant que j’ai besoin d’un psy (elle rit).

Votre identité belge, vous y tenez ?

Ah ben oui ! Je ne me suis jamais cachée d’être belge. Je chéris mon pays, j’y habite encore et je souhaite y rester parce que c’est là que je suis née, que sont ma famille et mes amis. Je n’envisage pas du tour de m’installer à Paris. Je viens de déménager à Bruxelles, je ne suis pas près de refaire mes valises ! J’aime le côté double vie. Quand je suis en France, c’est pour travailler, et quand je rentre chez moi c’est, la plupart du temps, pour me reposer. Je tiens à cette séparation entre travail et la vie privée.

Y a-t-il un malentendu à votre sujet qui vous agace ?

(Elle réfléchit quelques secondes, puis sourit) Il y a un truc, très récemment, c’est un détail, mais ça m’a rendue folle… La semaine passée, j’étais en Belgique à la cérémonie des Ciné Télé Revue Awards où j’ai reçu deux prix. Tout le monde a cru que j’étais bourrée (elle éclate de rire). J’avais passé la journée à faire un shooting pour l’album, de 8 heures, à 18h30. J’étais épuisée. A un tel point que je ne savais pas où j’allais trouver l’énergie pour me rendre à la cérémonie dans la foulée. J’ai répondu aux interviews filmées et c’est en les voyant que les gens ont pensé que j’avais passé trop de temps au bar à champagne. En rentrant chez moi, j’ai vu les commentaires sur les réseaux sociaux… Tout le monde racontait que j’étais saoule. Cela m’a vraiment rendue triste que les gens trouvent marrant de dire que j’avais l’air pompette.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement attristée ?

C’est la première fois que ça m’arrivait. J’avais envie de dire : « Les gars, c’est pas cool, vous vous rendez compte de l’image que ça peut donner de moi ? » On sait à quel point une certaine presse en voyant quelque chose comme ça avec des gros titres à la « Helena bourrée à la cérémonie »… J’avais tellement puisé dans mes forces pour paraître normale et ne pas montrer que je tombais de fatigue… Je n’ai pas envie de montrer mes faiblesses. On a tous le droit d’être fatigué mais il ne faut pas le montrer quand on doit être professionnel.