Suisse

S’expatrier en famille: que faire si votre enfant ne souhaite pas partir à l’étranger?

Enfant debout, silhouette, regardant par la fenêtre, de profil, vulnérable, seul


Alors que les parents rêvent de vivre à l’étranger depuis longtemps, un déménagement représente avant tout des adieux pour les enfants.


Jane Ali / Alamy Stock Photo

Nouvel environnement, nouvelle école, nouveaux amis: l’expatriation peut susciter des peurs chez les enfants. Deux expertes livrent leurs conseils.

Vous rêvez d’un climat agréable, d’une nouvelle culture, de surf tous les jours ou d’une opportunité de carrière plus attrayante. Votre fille, en revanche, pleure à chaudes larmes. Une nouvelle vie à l’étranger? Elle n’en a pas vraiment envie. 

Si l’expatriation représente une nouvelle étape de vie réjouissante pour les parents, elle constitue un grand défi pour les enfants. Ces treize conseils peuvent faciliter le déménagement à l’étranger avec des enfants. 

1. Associez toutes les personnes concernées à la décision

«Organisez une réunion de famille», recommande Claudia Doron, coach en expatriation. Selon elle, il est important d’inclure dès le début les enfants dans le processus, même si la décision ne peut pas toujours être prise en commun pour diverses raisons. «Une nouvelle étape de vie à l’étranger concerne finalement tout le monde.»

2. Parlez ouvertement des préoccupations et des peurs 

Attendez-vous à ce que vos enfants, selon leur âge, réagissent d’abord négativement à vos projets. «Des larmes peuvent couler.» Faites preuve de compréhension et de patience. Car si les parents voient l’expatriation comme un rêve de vie qui se réalise, un déménagement représente avant tout des adieux pour les enfants.

3. Prenez vos enfants au sérieux

«Écoutez attentivement vos enfants et notez leurs objections et inquiétudes», conseille Claudia Roebers, professeure de psychologie du développement à l’Université de Berne, qui elle-même a immigré en Suisse depuis l’Allemagne avec sa famille. «Clore la discussion dès qu’il y a de la résistance avec des phrases comme: ‘Papa a une formidable opportunité de carrière à l’étranger, vous devez juste serrer les dents’, c’est contre-productif», avertit Claudia Roebers.

Certaines inquiétudes autour de l’expatriation avec des enfants ne sont pas infondées, en particulier avec des jeunes. Une étude à long terme de l’Université de Manchester montre que les déménagements ont des effets négatifs sur la santé mentale, surtout chez les adolescents de 12 à 14 ans. «À cet âge, on dépend fortement des relations hors de la famille et on vit déjà beaucoup d’incertitudes au quotidien.» De plus, les jeunes ont des racines dans leur pays et sont peut-être proches de leurs grands-parents. «Lorsqu’un-e adolescent-e est éloigné-e de son environnement familier, cela peut avoir des conséquences.»

Une famille de cinq personnes se promène main dans la main


Une nouveau chapitre de vie à l’étranger est un projet familial.


Jacques Loic / Keystone

À cela s’ajoutent des défis scolaires et linguistiques. «L’expatriation peut perturber les enfants. Elles et ils se retrouvent dans un vide, tant en matière de performances que sur le plan socio-émotionnel. Et la période d’adaptation est différente pour chaque enfant et adolescent-e.»

Pour les enfants de moins de dix ans, c’est généralement plus facile. Leurs principales personnes de référence sont les parents et elles et ils se font rapidement de nouveaux amis. Mais ce n’est pas tout rose non plus. «Un déménagement entraîne des changements au sein du système familial. Des structures familières et un cadre sécurisant disparaissent, des réseaux relationnels sont coupés: plus le déménagement se fait loin, plus cette tendance sera forte. De nouveaux liens se tisseront. Chaque membre de la famille doit se réadapter.» Selon Claudia Roebers, il peut y avoir dans le processus à la fois des gagnants et des perdants.

4. Cherchez à atténuer les difficultés

Reconnaître les peurs, saisir les opportunités: afin que l’expatriation se déroule dans les meilleures conditions possibles pour les enfants, il peut être utile de chercher avec eux des solutions qui facilitent la transition. Par exemple, maintenir le contact avec des amis restés en Suisse et trouver des compromis. «Les enfants pourraient inviter un ami à venir passer une semaine dans leur nouveau pays une fois par an ou à jouer ensemble régulièrement en ligne», suggère Claudia Roebers.

Des visites annuelles ou semestrielles en Suisse permettent également aux enfants de garder leur cercle social dans leur pays d’origine. Il est important de répondre aux besoins individuels de chaque enfant. «Certains nouent rapidement des contacts grâce à leur caractère ouvert et ont peut-être des préoccupations et besoins différents de ceux de leurs frères et sœurs plus introvertis.»

5. Ouvrez de belles perspectives

Votre fille est une danseuse talentueuse? Pourquoi ne pas lui montrer l’offre d’une superbe école de danse locale, pour qu’elle puisse se réjouir de cette activité? Ou rêve-t-elle depuis longtemps de jouer au rugby, mais elle n’en a jamais eu l’occasion jusqu’ici? Il y a peut-être une équipe non loin de son futur lieu de résidence. Ainsi, l’enthousiasme pour de nouvelles activités pourrait bientôt l’emporter sur la douleur des adieux. 

6. Découvrez votre futur pays d’accueil

Organisez ensemble un voyage dans votre futur pays d’accueil. «Faites en sorte que le séjour soit aussi agréable que possible et transformez-le en une aventure familiale», conseille Claudia Doron. À la maison, des films, des livres ou des plats traditionnels faits maison peuvent aider à se familiariser avec la culture du pays d’adoption futur.

Adulte et enfants pointant le globe


Planifiez ensemble des vacances dans votre pays de destination.


Michelle Fraikin / Keystone

7. Faites preuve de flexibilité

Le parcours scolaire de vos enfants pourrait, selon leur âge, être interrompu à un moment critique. Dans de tels cas, il peut être judicieux de reconsidérer le déménagement ou de permettre aux jeunes de partir plus tard. «Une option serait de repousser l’expatriation ou de laisser l’adolescente vivre chez ses grands-parents pendant un an pour qu’il/elle puisse terminer sa scolarité dans un environnement familier», explique Claudia Roebers.

Selon elle, il est essentiel que de telles décisions ne soient pas prises sans consulter les jeunes. «Posez des questions et écoutez leurs besoins.»

8. Inscrivez vos enfants à un cours de langue

Une fois la décision de déménager prise, il est conseillé que les enfants commencent à apprendre dès que possible la langue du pays d’accueil. La langue est la clé de l’intégration. Elle facilite l’adaptation au nouvel environnement et permet aux enfants de se sentir plus à l’aise.

Demandez à l’établissement de vous envoyer un aperçu du programme scolaire pour que votre enfant puisse se préparer. En outre, un échange entre l’enfant et l’enseignant-e peut être bénéfique: préfère-t-il/elle être assis-e à l’avant ou à l’arrière de la classe, une place à côté d’un-e camarade de classe particulièrement ouvert-e pourrait-elle être utile ou serait-il pertinent que les enseignant-e-s parlent de la Suisse lors du premier jour d’école? «De petits détails peuvent faciliter le processus d’adaptation et procurer un sentiment de sécurité aux enfants», indique Claudia Doron. 

L’article de la coopérative Soliswiss sur les différents types d’enseignementLien externe possibles peut également être utile (en allemand seulement). 

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10. Laissez vos enfants aménager leur nouvelle chambre

Cela crée de l’enthousiasme et permet aux enfants de participer activement au déménagement. Aménager leur chambre en premier leur offrira un espace familier et un lieu où se sentir bien dès leur arrivée.

11. Laissez-les préparer leurs bagages

Pour les tout-petits, il peut être utile d’emporter leur jouet préféré dans un bagage à main. Avoir un objet familier à portée de main lors du départ à l’étranger procure un sentiment de sécurité.

12. Aidez vos enfants à s’intégrer dans leur nouveau pays

Encouragez-les à se faire de nouveaux amis et accompagnez-les dans cette démarche. Organisez des rencontres ludiques pour les plus petits. Si votre adolescent peine à se faire de nouveaux amis l’école, proposez-lui de suivre un nouveau cours de sport ou de participer à un groupe de jeunes

Vous pouvez aussi chercher à entrer en contact avec d’autres Suisses et Suissesses de l’étranger et leurs familles, qui peuvent partager leur expérience. Rejoignez des réseaux d’expatrié-e-s suisses via l’Organisation des Suisses de l’étrangerLien externe ou divers groupes Facebook tels que AuslandschweizerLien externe,  Swiss People Living In The USALien externe  ou encore Schweizer in DeutschlandLien externe.

Dans cet article, des experts donnent des conseils sur l’intégration à l’étranger.

13. Donnez du temps à vos enfants

Les enfants sont confrontés à de nombreuses nouveautés durant cette période. Soyez compréhensif si des difficultés surviennent et accordez-leur le temps nécessaire pour s’adapter pleinement à leur nouvel environnement.

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Texte relu et vérifié par Balz Rigendinger, traduit de l’allemand par Zélie Schaller