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« J’assume, mais j’ai des collègues qui ne le disent plus »… Ça fait quoi d’être agent des impôts ?

Dans la série des métiers mal aimés, on a fait le pire : démarcheur téléphonique. Mais il y en a d’autres, beaucoup d’autres. Parmi eux, il y a celui d’inspecteur des impôts, aussi appelé contrôleur des Finances publiques ou agent du Fisc. A priori, ces gens qui viennent chercher la petite bête pour nous prendre nos sous, on ne les aime pas trop. Une image caricaturale qui persiste, notamment au cinéma, avec le fameux personnage de Lucien Cheval dans le Dîner de cons. Alors 20 Minutes a contacté certains de ces mal aimés, histoire de savoir ce que ça fait d’exercer un métier aussi décrié.

Revenons à notre ami Cheval. Même s’il est sympathique dans le fond, ce personnage de contrôleur fiscal campé par Daniel Prévost demeure très caricatural. « Mais vous connaissez pas Cheval, il contrôlerait sa mère ! », lance ainsi François Pignon. Les humoristes ne se privent pas non plus de les vanner, à l’image de Franjo : « Ah, la famille de droite », a-t-il lancé lors d’un spectacle, devant une salle hilare, à deux malheureux qui venaient d’avouer bosser aux impôts. « Le pire, c’est que le plus souvent, ils sont de gauche », plaisante l’humoriste.

« Je suis à l’aise avec ça »

« Moi j’assume, mais j’ai des collègues qui ne disent plus leur métier », assure Annick, contrôleuse des Finances publiques à Lille. Vincent aussi assume en toutes circonstances son boulot d’inspecteur des Finances publiques à la 4e brigade de vérification de Roubaix : « je suis à l’aise avec ça parce que j’ai conscience de faire un travail d’intérêt général », insiste-t-il. Pour autant, lui aussi reconnaît que certains collègues éludent parfois la question, lassés d’avoir à se justifier « face aux idées préconçues » de leurs interlocuteurs.

En réponse à cette « petite réticence » qu’elle remarque lorsqu’elle annonce sa profession, Annick ne perd jamais patience. « Je fais un peu de pédagogie, j’explique mon travail et ça se passe bien », se félicite-t-elle. « Ah oui, il en faut », entend souvent Vincent de son côté. « C’est vrai que l’on est mal vu, mais c’est avant tout pour une question d’ignorance de notre métier », reconnaît-il. Pour lui, il y a un côté ingrat à ce métier : le « manque de reconnaissance ». « On peut comprendre quand ça vient du grand public, mais c’est plus compliqué quand ça vient de notre hiérarchie », déplore-t-il.

Yannick, un autre nordiste, a quitté les Finances publiques pour des raisons personnelles il y a deux mois. S’il admet que son métier « n’est globalement pas aimé », il n’a en revanche jamais ressenti d’animosité de la part des contribuables qui avaient affaire à lui : « je faisais de l’accueil par téléphone, pour orienter ou expliquer les démarches à mes interlocuteurs. Les gens reconnaissent qu’on est là pour les aider », explique-t-il. Idem pour Annick, qui fait le même boulot mais en accueil physique : « Les personnes sont contentes de nous trouver parce qu’on est la seule porte d’entrée pour renseigner les publics plus précaires qui subissent l’administration dématérialisée », renchérit-elle.

« Dans 90 % des cas, ça se passe bien »

Le constat est un peu plus contrasté pour Vincent, le vérificateur. Lui est dans le dur, en contrôle fiscal auprès des entreprises. « Dans 90 % des cas, ça se passe bien et au final, les personnes que l’on contrôle nous remercient », affirme-t-il. Mais parfois, il se heurte à de vrais fraudeurs qui peuvent se montrer « agressifs » ou « menaçants ». Et ce qu’il ne comprend pas, c’est l’animosité de certains patrons ou du Medef à l’égard de son métier : « Redresser une entreprise qui fraude la TVA pour pratiquer des prix plus compétitifs est pourtant bénéfique pour les concurrents puisque cela ne fait que remettre les choses à leur place », se défend Vincent.

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Mal aimée pour de mauvaises raisons, la profession subit aussi une crise des vocations. En 2022, la CGT Finances publiques dénonçait déjà une « perte d’attractivité » de la direction générale des Finances publiques (DGFIP) et le recours de plus en plus nombreux aux contractuels. En juillet dernier, la CFDT annonçait que par manque de candidats, un arrêté ministériel permettait de recruter sans concours. Sauf que ça n’a rien à voir avec la mauvaise réputation du métier : « C’est avant tout un désintérêt lié aux salaires, à la mobilité obligatoire et aux difficultés d’évolution », assure Annick.