JO d’hiver 2030 : Martin Fourcade peut-il voir le poste de président du Comité d’organisation lui filer sous le nez ?
La nomination de celui ou celle qui sera la figure des Jeux olympiques d’hiver 2030 en France est un sujet décidément bien délicat. Cela fait maintenant plus de quatre mois, depuis le 24 juillet dernier et l’annonce officielle du CIO en faveur des Alpes françaises, que cette question centrale cristallise les tensions. Et la démission forcée du gouvernement de Michel Barnier, la semaine passée, n’aide pas à démêler la situation.
Candidat naturel pour ce poste de président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), Martin Fourcade ne recueille pas les faveurs de tous les acteurs du projet. Son hésitation à se porter candidat, puis sa manière de se déclarer – une interview dans L’Equipe le 23 octobre, la veille d’une première réunion à Matignon – ont irrité chez les dirigeants des régions Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA).
Fourcade ? « Pas un sujet », assure-t-on chez AURA
Le quotidien sportif rapporte même ce jeudi une vraie défiance envers le sextuple champion olympique de biathlon de la part de Laurent Wauquiez, dont la démission de la présidence d’AURA après son élection en tant que député de Haute-Loire, début septembre, n’a pas éloigné du dossier. Le patron des LR à l’Assemblée nationale a porté la candidature, avec son homologue Renaud Muselier, et il ne compte apparemment pas se laisser « voler la vedette » par cet « affreux gauchiste », selon les dires d’un observateur.
A la région, on se défend de vouloir savonner la planche à Martin Fourcade. Ne l’a-t-elle soutenu financièrement pour son Nordic Festival, depuis la première édition en 2019 ? Une preuve de la « très bonne entente » qui a toujours prévalu avec l’ancien champion, dont le nom n’est « pas un sujet », jure-t-on en interne. Ses sponsors personnels le sont, en revanche.
Fourcade est accompagné depuis de longues années par deux partenaires techniques, Rossignol et Odlo, dont il ne compte pas se séparer. Un potentiel conflit d’intérêts, estiment les collectivités impliquées, qu’il convient de déminer. C’est ainsi qu’après une seconde réunion à Matignon, le 28 novembre, il a été décidé de solliciter la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et l’Agence française anticorruption.
Pour faire diversion et ne pas rester coincé dans ce débat autour d’un nom, les deux régions ont alors mis l’accent sur le « cadre » qui devait définir la fonction. La rémunération du futur président a par exemple été plafonnée à 200.000 euros nets par an, primes comprises. « Il n’y a pas de « on est pour untel ou contre untel », on est sur qui est en capacité de rentrer dans ce cadre et d’incarner le projet des Alpes françaises 2030 », fait valoir un proche du dossier.
Vincent Jay dans la course
Fin novembre, le successeur de Wauquiez à la tête de la région AURA, Fabrice Pannekoucke, en parlait ainsi dans l’émission « Dimanche en politique », sur France 3 : « Le portrait-robot, c’est quelqu’un qui s’engage dans les mêmes valeurs que les nôtres, celles de la sobriété et de l’éthique. Nous ne croyons pas à une présidence isolée, ce que l’on a un peu vu sur Paris 2024. Je n’écarte personne. Mais ce partage de valeurs est absolument essentiel. »
Une description qui fait écho – le monde est bien fait – aux mots de Vincent Jay, qui fait figure de principal concurrent à Martin Fourcade. « Ce ne sont pas les Jeux de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, ou des comités nationaux olympiques et paralympiques. Le maître mot, c’est ensemble », l’a-t-on entendu dire le 28 novembre lors du festival « Demain le sport », à la Maison de radio. Ancien biathlète lui aussi, champion olympique du sprint à Vancouver en 2010, Jay est impliqué dans le projet pour la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis le début.
Alors, qui pour incarner ces Jeux d’hiver ? Martin Fourcade ? Vincent Jay ? Marie Martinod, ancienne championne de ski acrobatique et troisième candidate déclarée pour le poste ? Ou alors une présidence à plusieurs têtes, représentant à la fois le mouvement sportif et la classe politique ? Cette dernière option n’est clairement pas la préférée du Comité international olympique, qui tient à ce que les sportifs soient en première ligne.
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Toutes les parties prenantes promettaient en début de semaine dernière encore un nom pour la mi-décembre. Une échéance qui semble ne plus tenir. L’avis de la HATVP n’a pas encore été rendu, et la lutte d’influence fait toujours rage, en attendant de savoir qui sera nommé à Matignon. Reste que le temps presse. L’État se doit d’avoir mis sur pied le Cojop au 1er janvier 2025.