Belgique

Une « loi d’urgence » réclamée dans les prisons belges

La directrice générale des établissements pénitentiaires, Mathilde Steenbergen, a réclamé une loi d’urgence afin de faire face à la surpopulation carcérale, mercredi en commission Justice de la Chambre. Elle propose de libérer sous conditions toute personne écopant de 5 ans de prison maximum et a réitéré sa proposition de mettre en place un baromètre de surpopulation au sein de chaque prison.

This photograph shows barbwires at the "Maison d'arret" (prison) des Hauts-de-Seine, in Nanterre, suburbs of Paris, on November 30, 2024. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP)
La directrice générale des établissements pénitentiaires, Mathilde Steenbergen, a réclamé une loi d’urgence afin de faire face à la surpopulation carcérale, mercredi en commission Justice de la Chambre. Elle propose de libérer sous conditions toute personne écopant de 5 ans de prison maximum et a réitéré sa proposition de mettre en place un baromètre de surpopulation au sein de chaque prison. ©AFP or licensors

Selon les chiffres les plus récents, 12.719 personnes sont incarcérées aujourd’hui en Belgique, alors que les prisons ne disposent que de 11.020 places. Environ 180 personnes dorment au sol. En trois ans de temps, le nombre de prisonniers a augmenté de 2.000 personnes.

Mathilde Steenbergen propose d’instaurer une loi d’urgence pendant un an, afin de contrer les effets néfastes de la surpopulation sur les détenus, le personnel et l’infrastructure.

Tout condamné, en séjour légal, écopant d’une peine de prison allant jusqu’à 5 ans, à l’exception des actes terroristes ou des faits de mœurs, obtiendrait automatiquement une libération conditionnelle. Pour un individu en séjour illégal qui ne peut être renvoyé dans son pays d’origine, la libération sous conditions interviendrait à la moitié de la peine. Pour des peines allant jusqu’à 15 ans de réclusion, Mme Steenbergen plaide pour une libération anticipée de six mois avant la fin de la peine. Elle veut également autoriser des congés pénitentiaires prolongés.

La directrice générale demande encore d’évaluer la capacité des prisons avec des « critères objectifs ». Trois situations pourraient se dégager sur la base de ces paramètres: un scénario vert, idéal, un orange et un rouge qui révélerait une situation alarmante dans l’établissement, nécessitant la prise de mesures.

La députée N-VA Sophie De Wit a jugé « cynique » d’émettre ces propositions alors que Mathilde Steenbergen a été cheffe de cabinet sous l’ancien ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. « Vous venez demander aujourd’hui une loi d’urgence alors que vous avez vous-même décidé de la politique en la matière. »

Christoph D’Haese (N-VA) a, de son côté, soulevé le risque d’une atteinte à la séparation des pouvoirs si les possibilités de sanction du tribunal sont rabotées. La N-VA et le Vlaams Belang estiment qu’il faut créer une capacité pénitentiaire supplémentaire.

Pour le PS, le PTB et Vooruit, c’est une bonne chose d’envisager de réduire les peines. « La prison devrait être la sanction ultime », commente le député Vooruit Achraf El Yakhloufi. « Il faut privilégier la réintégration », a souligné Vanessa Matz (Les Engagés).