Donald Trump utilise une photo complice avec Jill Biden pour faire la promo de ses parfums
Un parfum de revanche, littéralement. Lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame samedi dernier, le président américain élu Donald Trump s’est laissé aller à un élan de courtoisie envers l’actuelle Première dame, Jill Biden. Le lendemain, l’homme d’affaires a annoncé sur ses réseaux sociaux la sortie d’une nouvelle gamme de parfums et eaux de Cologne Trump. Et il n’a pas hésité à utiliser la photo de cette interaction pour en faire la promotion, soulevant des questions éthiques.
Produits dérivés et opacité
« Un parfum auquel vos ennemis ne peuvent résister », peut-on ainsi lire en légende de la photo. La gamme, nommée « Fight, Fight, Fight » (« Combat, combat, combat »), fait référence à sa tentative d’assassinat à Butler (Pennsylvanie) en juillet dernier. Elle comporte un parfum vendu à 199 dollars (188 euros) l’unité et 298 dollars (282 euros) les deux flacons, détaille USA Today. Ces produits s’inscrivent dans une déferlante marchande qui a suivi la victoire très médiatique de Trump aux élections, à l’image des baskets « Trump Crypto President » et des chaussures « First Lady », à 299 dollars (283 euros) pour l’un et pour l’autre, ou encore du parfum « Victory » (« Victoire ») à 119 dollars (112 euros).
Des produits utilisant l’image ou le nom du président avaient déjà été proposés en 2016. Ils avaient été épinglés pour avoir été fabriqués à l’étranger, notamment en Chine, principal concurrent économique du pays, indique le New York Times. Si l’origine des produits de 2024 n’est pas encore connue, ils interrogent néanmoins sur la distance qui existe entre les activités publiques et privées de Donald Trump. On sait que ce sont ses fils qui ont repris l’entreprise familiale. En parallèle, il est difficile de connaître le schéma financier qui se cache derrière l’élaboration de ces produits.
Droit à l’image ou liberté d’expression ?
Plus encore, certains commentateurs se demandent si Donald Trump pourrait aller jusqu’à monétiser les grands moments de sa présidence. « Je pense que c’est un problème. Mais il n’y a aucun moyen d’empêcher le président de vendre des guitares, des bibles et des parfums », a déclaré Richard Painter, avocat spécialisé dans les questions d’éthique à la Maison-Blanche de l’ancien président George W. Bush. Pourtant, cette marchandisation pourrait aboutir à de nombreuses dérives, notamment à divers trafics d’influence.
Enfin, plus simplement, l’utilisation de la photo de Jill Biden à des fins promotionnelles ne respecte pas le droit à l’image, puisque celle-ci n’a vraisemblablement pas donné son autorisation. Elle pourrait donc être en droit d’intenter une action en justice. Cependant, la liberté d’expression garantie par la Constitution des Etats-Unis pourrait également primer dans ce contexte, car « le contenu de ce message mélange l’humour et la politique », selon les analyses de Reid Kress Weisbord, professeur de droit à l’université Rutgers. Pour l’heure, le bureau de Jill Biden ne s’est pas exprimé sur d’éventuelles suites.