Real Madrid: Les détracteurs de Kylian Mbappé ont-ils eu peur d’aller trop loin à cause des doutes sur son état mental ?
Le vent des opinions qui souffle sur la tête de Kylian Mbappé a-t-il changé de direction ? Non pas que l’attaquant du Real Madrid soit redevenu le joueur qu’il était jusqu’à décembre 2022 au moment où il s’apprête à fouler la pelouse de l’Atalanta en Ligue des champions, mais un halo de bienveillance semble désormais encercler l’attaquant français, pour des raisons relevant du surnaturel.
Un exemple ? Tomas Roncero, rédacteur en chef d’AS, est passé de la critique la plus dure après le clasico épouvantable de Mbappé (« il rate des buts que mon fils pourrait mettre ») à une communication excessivement bienveillante. D’abord à travers un numéro théâtral face caméra dont l’émission El Chiringuito a le secret, puis au micro de Telefoot. « J’ai changé d’avis. J’ai réalisé lors du match à Liverpool que le gamin souffrait. Lorsqu’il lèvera le blocage qu’il a en tête en raison de la pression qu’il a au Real, il se lâchera et marquera des buts. »
Après la défaite à Bilbao, et un nouveau penalty raté par le champion du monde 2018, le quotidien AS s’est prosterné devant le mea culpa publié par le joueur sur Instagram. « Mbappé a ouvert la porte », écrivait le quotidien sportif madrilène. Mouais.
La peur de trop tirer sur l’ambulance
On serait tenté de voir dans ces retournements de veste la main de Florentino Pérez, mais personne à Madrid ne se porte volontaire pour confirmer le scénario du patron qui met des coups de pression par téléphone pour protéger le poulain. « Ce qui s’est passé, c’est que certains se sont rendu compte qu’ils étaient allés trop loin et qu’ils avaient franchi le seuil de la critique, analyse Franciso Javier Sanchez Palomares, rédacteur en chef du site pro-merengue La Galerna. Florentino n’y est pour rien, car en Espagne, ce que les médias recherchent, c’est le contraire : attaquer le Real Madrid et son président. »
Il y a également dans cette épiphanie quelque chose de l’ordre de l’éveil collectif face aux dangers des effets de meute. A voir Kylian Mbappé incapable de mettre un pied devant l’autre, marquer trois fois moins qu’à son habitude, trembler au point de penalty – bien qu’il n’ait jamais été un crack absolu en la matière – ne plus rentrer le moindre dribble, le tout l’air hagard, les yeux dans le vide, beaucoup en sont venus à se questionner sur le mal-être du joueur. Sommes-nous allés trop loin dans la vanne ? Même certains rageux numériques se sont retrouvés bloqués dans une forme de crise existentielle. Depuis l’Euro, il n’est plus rare de lire des tweets de détracteurs peinant à se moquer d’un homme à la dérive : pourrir des idoles, oui, les pousser dans le ravin, non.
Le navire de la « hate » est plus léger, mais tous les antis n’ont pas déserté. A Liverpool, l’image de Mbappé en PBS (position breakdance de sécurité) après un tacle musclé de Virgil Van Dijk a été reprise et détournée à toutes les sauces sur les réseaux. Une vanne parmi tant d’autres dans la grande collection de X (twitter). Notre préférée ? Un tweet détourné d’une photo de la chanteuse et actrice Sabrina Carpenter, photographiée par Hes Ofsyde, dont le prénom et le nom détournés se traduisent par « il est hors jeu ». L’international français ayant essuyé sept hors jeu pendant le clasico, les farceurs se sont demandé s’il n’était pas l’auteur de ladite photo. C’est con, mais c’est drôle.
Qui sont les haters indécrottables de Mbappé ?
Ils peuvent se diviser en plusieurs catégories. D’abord, les renards à l’affût du moindre raté, autrement surnommés les charognards du web. Si Mbappé rate un contrôle, roule sur le ballon, ou se met dans n’importe quelle situation embarrassante, ils seront là pour l’immortaliser. Et en ce moment, il y a de quoi faire.
Ensuite, il y a ceux qui comparent ses débuts madrilènes à ceux de Cristiano Ronaldo. Quand KM passe à côté d’un match, il y en a toujours pour ressortir une compilation du premier match du Portugais contre la même équipe à ses débuts au Real. Exemple : « CR9 vs Villarreal ». La comparaison n’est jamais flatteuse étant donné qu’à l’époque, Ronaldo tournait à trois buts par match dont deux coups francs de 58m dans la lucarne opposée.
Enfin, nos préférés, ceux qui mènent des combats improbables. Une catégorie créée pour le compte X satirique « Has Mbappé Scored a free kick » (est-ce que Mbappé a marqué un coup franc ?). Au jour 3290 du décompte maudit, son utilisateur ne mollit pas et continue de distiller des montages et railleries toujours plus improbables. Celui-ci explique sa démarche.
« L’idée du compte m’est venue en voyant Mbappé s’approprier les coups francs au PSG, alors qu’il y avait des joueurs bien plus compétents dans cet exercice. J’ai voulu tourner cela en dérision, car cela illustre parfaitement son incapacité à reconnaître ses limites et à se remettre en question. Je pense que, si aujourd’hui, le compte marche bien, c’est que beaucoup partagent le même sentiment. » On plaide 100 % coupable, madame la juge.
Mbappé réfute la thèse de la dépression
Dans son interview à Clique, dimanche Kylian Mbappé a fait étalage d’une forme de lucidité quant à la critique. « Un public de foot, c’est versatile. Quand c’est bien, tout va bien, quand c’est pas bien, tout s’écroule. Ça va avec le monde du foot. » Il en a même profité pour balayer, presque moqueur, les inquiétudes sur sa santé mentale. « Dépression… eh les gars, y a eu des moments où j’étais fatigué. Mais on n’est pas dans la dépression. Il y a des gens qui sont vraiment en dépression et ces gens-là il, faut les aider, c’est un sujet tabou dans le foot qu’il ne faut pas négliger. C’est sûr qu’il y a eu un épuisement, j’ai eu des déceptions sportives… Mais après je rentre chez moi, je me connecte en ligne et je joue à la play. »
De quoi conforter l’ami « Has Mbappé Scored a free kick » dans son positionnement. « Très honnêtement, je ne peux pas cautionner l’idée d’avoir pu provoquer une dépression chez qui que ce soit, surtout dans un cadre où mon compte se limite à du troll destiné à faire rire. Je fais toujours la distinction entre ce qui relève de l’humour, même acide, et des sujets graves qui ne prêtent pas à la légèreté. » Un sage rappel qu’une satire intelligente vaut mieux que le chaud-froid du Chiringuito.