Chute de Bachar al-Assad : Reste-t-il des détenus dans la terrible prison de Sednaya ?
Le petit garçon, qui semble à peine âgé de trois ans, regarde autour de lui, visiblement désorienté. Est-ce la première fois qu’il peut marcher librement dans les couloirs de la prison de Sednaya ? Cette vaste enceinte était devenue le symbole de la féroce répression du régime déchu de Bachar al-Assad.
Depuis dimanche, des vidéos circulent montrant la libération des prisonniers enfermés par le régime du dictateur. Le garçonnet apparaît dans une vidéo de trois minutes diffusée sur X par Shaam network, dans laquelle des femmes retenues prisonnières sont libérées de leurs cellules.
Une autre vidéo diffusée dimanche et identifiée par le New York Times montre un groupe d’hommes, probablement d’anciens prisonniers, marcher libres dans la ville de Mneen, à une dizaine de kilomètres de Sednaya.
Lundi, l’association des détenus et des personnes disparues de la prison de Sednaya a affirmé qu’il n’y avait plus de détenus dans l’ensemble du complexe carcéral. Selon l’association, basée en Turquie, les derniers détenus ont quitté la prison dimanche à 11h du matin.
En revanche, des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux au sujet de personnes qui seraient détenues dans les sous-sols de la prison. Une vidéo montrant un homme émerger d’un trou, visiblement effrayé, a ainsi circulé sur X et TikTok, alors qu’elle a été générée par intelligence artificielle il y a au moins six jours.
Au moment où nous écrivons ces lignes, ces rumeurs, probablement alimentées par l’effroyable réputation de la prison et les mauvais traitements infligés aux prisonniers, n’ont pas été confirmées par l’association basée en Turquie ni par des sauveteurs. « La présence de détenus enfermés dans les sous-sols n’est pas avérée », a écrit ce lundi après-midi l’association.
De leur côté, les Casques blancs, une organisation de sauveteurs, ont indiqué continuer à fouiller la prison en étant accompagnés de personnes connaissant les lieux, sans avoir pour le moment trouvé de personnes détenues dans ces endroits. « A ce jour, 9 décembre à 16h45, heure de Damas, rien ne permet de confirmer la présence de détenus autres que ceux qui ont quitté la prison hier [dimanche] », a écrit l’organisation sur Facebook.
Vaste complexe bâti au nord de Damas pour enfermer prisonniers de droit commun et ceux que le régime considérait comme des opposants, la prison avait été qualifiée en 2017 d’« abattoir » par Amnesty International.
De 2011, début de la révolution syrienne et des premières manifestations contre le régime, à 2018, 30.000 prisonniers ont été exécutés ou sont morts des suites de la torture, de la privation de soins ou de nourriture dans la prison, avait estimé l’association des détenus et des personnes disparues de la prison de Sednaya.
Au moins 500 personnes supplémentaires sont mortes entre 2018 et 2021, complète l’association, qui avance que des pièces avec du sel ont été créées pour entreposer les corps des victimes, lesquelles n’ont jamais été rendues aux familles.