Lourdes : Mais, au fait, comment devient-on un vrai « miraculé » ?
Outre-Manche, il est souvent présenté comme le premier catholique britannique guéri à Lourdes. John Jack Traynor est devenu, dimanche, le 71e miraculé de Lourdes. Né à Liverpool en 1883, il a été grièvement blessé lors de la Première Guerre mondiale en 1915. Il perdra l’usage de son bras et souffrira alors de violentes crises d’épilepsie. Cinq ans plus tard, il perdra l’usage de ses membres inférieurs lorsqu’un chirurgien de Liverpool tentera de guérir son épilepsie par trépanation.
Un trèèèèès long processus
Le 25 juillet 1923, John Jack Traynor guérissait après avoir été immergé aux piscines du sanctuaire de Lourdes, puis avoir participé à la procession eucharistique et bénédiction des malades. Le même jour, les médecins accompagnant le pèlerinage avaient constaté son état et le miraculé se rendait, lui, un an plus tard au bureau des Constatations Médicales pour déclarer sa guérison.
Il aura fallu cependant cent ans pour que la guérison devienne officiellement un miracle. C’est que le processus, particulièrement long et complexe, comme le détaille le sanctuaire de Lourdes dans un article dédié, prend souvent des dizaines d’années. Le médecin qui enregistre la déclaration de guérison doit d’abord répondre à plusieurs questions : la personne en face de lui souffrait-elle d’un handicap sérieux et la guérison semble-t-elle effective ? Est-ce exceptionnel et quel est son état psychologique ? En fonction, le praticien lui demande de réunir le maximum de pièces pour étayer le diagnostic. En effet, il n’est possible de constater une guérison qu’à la lumière des examens réalisés auparavant…
S’il a été possible de constituer un dossier à peu près complet et que la personne revient à Lourdes, le médecin peut alors réunir un « bureau des constatations médicales ». Tous les médecins présents ce jour-là peuvent poser toutes questions qu’ils souhaitent à l’ancien malade et discuter entre eux de la solidité du diagnostic et des évolutions connues de cette maladie.
« Confirmation », « certification » ou « miracle »
Si la guérison est effectivement constatée, le dossier est transmis au Comité médical international de Lourdes, lors de sa réunion annuelle. D’habitude, celui-ci nomme un de ses membres pour approfondir l’examen du dossier. Ce médecin « rapporteur » consulte qui il veut et fait appel à tout ce que la « littérature » a publié sur le sujet. Il peut soumettre des pièces du dossier, en aveugle, à des confrères pour recueillir leur appréciation.
Notre dossier sur Lourdes
Avant de rendre son jugement, le comité tient compte des sept « critères de Lambertini ». Dans ses conclusions, il peut aller plus ou moins loin. S’il reste une marge d’incertitude sur le diagnostic, il pourra se contenter de « confirmer » la guérison. Il peut aussi « certifier » qu’elle est inexpliquée en l’état actuel des connaissances scientifiques. L’engagement le plus fort est la reconnaissance du « miracle ». Depuis Catherine Latapie, ils sont désormais 71 à avoir passé avec succès toutes ces étapes.