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« Black Doves » : Netflix invente la série d’espionnage de Noël

Les téléfilms de Noël, qui tombent à gros flocons dans les grilles des chaînes françaises et sur les plateformes de streaming, vous donnent des hauts le cœur avec leur avalanche de bons sentiments et leurs scénarios en pilote automatique ? Netflix propose une sorte d’antidote avec Black Doves de Joe Barton, qui n’a pas quitté le top 10 des séries les plus vues depuis sa mise en ligne le 5 décembre.

Dans un Londres sublimé par ses éclairages de fêtes, les protagonistes préparent leur pudding en famille, confectionnent leurs décorations de Noël et vont assister au spectacle de fin d’année des enfants… entre deux missions d’exfiltration ou d’exécution. Autrement dit, ça sent le sapin au propre comme au figuré et les six épisodes peuvent se ranger, à l’instar du film culte Die Hard, dans la catégorie des fictions de Noël déviantes.

L’anti- « Love Actually »

Keira Knightley incarne l’héroïne principale, Helen Webb, épouse du ministre de la Défense britannique (joué par Andrew Buchan, vu dans Broadchurch), dont on ne tarde pas à découvrir qu’elle est en réalité une espionne sous couverture, employée par la mystérieuse organisation Black Doves (« colombes noires »). Sa vie vacille lorsque son amant, Jason Tobin (Andrew Koji) est assassiné en pleine rue après avoir passé un appel paniqué à deux interlocuteurs avec lesquels il avait mis la main sur des images compromettantes. Sous le choc, Helen repousse le travail de deuil en cherchant à découvrir pourquoi, et par qui, il a été tué.

Il est savoureux de voir l’actrice de Love Actually, film de Noël par excellence, bousculer ces souvenirs en se mettant à la castagne dans des décors – et parfois des scènes – rappelant la comédie romantique de Richard Curtis. Les séquences d’action surviennent parfois sans crier gare et rappellent par moments une autre réussite de la série d’espionnage britannique, Killing Eve.

Si elle force bien moins le trait sur la cruauté (quoique) que cette dernière, Black Doves a également en commun avec elle un sens de l’humour décalé et le fait que les femmes sont aux commandes. Espionnes ou commanditaires, ce sont elles qui font l’action.

Un homme au milieu des femmes

Sam Young, joué par Ben Whishaw, est la seule exception. Ce tueur à gages revient à Londres après sept ans d’exil pour y assurer la protection d’Helen. Un retour au bercail – comme dans un téléfilm de Noël – qui implique également pour lui de se confronter à son passé et notamment à Michael, l’homme qu’il a quitté dans des circonstances compliquées.

Le magazine britannique Radio Times salue, à juste titre, le fait que la série prend à rebours le trope du « meilleur ami gay ». Autrement dit, le cliché scénaristique consistant à utiliser un personnage dit « d’ami homosexuel », stéréotypé, « pour susciter les rires faciles et mieux mettre en avant les femmes hétérosexuelles dont les histoires comptent davantage ».

Black Doves retrace l’amitié de dix ans entre Helen et Sam et se faisant éclaire leurs psychologies respectives. Le lien qui les unit est l’un des enjeux dramatiques du scénario qui traite également des familles de cœur et des rapports noués entre les individus pour s’apporter du soutien tout en bataillant contre l’adversité. On en revient aux fictions de Noël, qui aiment tant mettre l’accent sur les réunions entre êtres chers. Sauf que dans Black Doves, c’est raconté sans mièvrerie mais avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de sang.