Lyon : Dans cette école, des chiens « absorbent les émotions » des enfants en difficulté pour les aider dans leur scolarité
«Ce n’est pas dans toutes les écoles qu’on a des chiens », lance avec un grand sourire Daryne. Cette élève de 8 ans, scolarisée à la Fourmi, un établissement privé du 8e arrondissement de Lyon, caresse fièrement Tala, une femelle husky. Cette chienne a rejoint l’équipe pédagogique il y a trois ans, avec Ripper, un border.
Leur rôle ? « Apaiser les enfants et absorber leurs émotions », décrit Marion Lavenant, directrice adjointe et enseignante des CE2, CM1 et CM2. Un travail conséquent pour ces animaux, la Fourmi s’adressant particulièrement aux élèves qui ont des troubles « dys », avec des déficits de l’attention avec ou sans hyperactivité, à haut potentiel, et nécessitant une pédagogie différenciée.
Les chiens « comprennent les émotions » des enfants
Pour ces enfants qui doivent se reconstruire, ayant subi échec ou phobie scolaire, les chiens ont un « rôle très important », notamment de « de médiation », indique l’enseignante. « Ils comprennent nos émotions, ils savent comment on se sent, si on est triste par exemple », lance Eva, 9 ans, assise en classe. Elle montre le dessous de sa table, indiquant que Ripper s’installe là, sous ses pieds,quand il ressent qu’elle en a besoin.
« Le border a été choisi pour sa sensibilité, détaille la directrice adjointe, également maîtresse des animaux. Et Tala, la husky, vient d’un élevage qui élève ses pensionnaires dans l’esprit d’origine de la race, dont la mission était d’occuper les enfants durant l’hiver et à leur tenir chaud. C’est pour ça qu’elle ressemble à un vrai nounours. » Elle souligne : « Ils sont là pour braver les difficultés émotionnelles, ils calment les angoisses, permettent de se défouler en jouant avec les enfants. Les chiens sont aussi capables de faciliter la parole. »
« Rien de les avoir là, près de moi, ça m’apaise », s’exclame à son tour Maxime, 10 ans. Depuis que les chiens ont intégré la classe, l’écolier a « retrouvé de la confiance » en lui, assure-t-il.
Reconstruire les enfants
« Les chiens apportent un plus à ces enfants hypersensibles et parfois stressés, pour les aider à s’intégrer, complète Sophie Jery, directrice et fondatrice de l’établissement. On se rend compte, depuis trois ans qu’ils sont là, qu’ils s’avèrent essentiels pour certains enfants. »
Selon la professionnelle, le plus gros travail des enseignants de la Fourmi est « la reconstruction psychologique de l’enfant ». « Dans le système scolaire actuel, on ne sait pas toujours prendre en compte les difficultés particulières de l’enfant qui se retrouve alors rejeté, mis à l’écart, en échec scolaire et en décalage avec ce qu’on appelle »la norme » », explique-t-elle.
Avant d’ajouter : « Ici, on passe alors beaucoup de temps à lui dire qu’il est capable, qu’il peut y arriver et on lui montre qu’il est considéré malgré la différence qu’il peut avoir. Car le but de l’école, c’est que chacun puisse s’épanouir tout en restant lui-même. »
Un programme adapté pour une scolarité apaisée
Concrètement, les 37 enfants scolarisés du CP au CM2 à la Fourmi suivent le programme de l’Education nationale avec un livret d’évaluation « classique » mais avec des cours adaptés, que ce soit la méthode, le temps de travail ou la façon d’apprendre. « Pour une dictée par exemple, tous les élèves ne vont pas avoir la même quantité de mots à écrire, détaille la directrice. Certains utilisent l’ordinateur. Puis, on fonctionne en effectif réduit, avec la présence de deux adultes à chaque fois. »
Notre dossier sur l’éducation
Pour la suite de la scolarité de l’enfant, un plan d’adaptation d’aide personnalisée est réalisé. « L’objectif, c’est que les enfants puissent acquérir leurs propres outils et qu’ils puissent ensuite se débrouiller pour le collège », souligne Sophie Jery. Ainsi, le plus dur pour les élèves de la Fourmi, ce n’est pas de quitter l’école et de passer en 6e mais… de ne plus voir les chiens.