Christie Morreale (PS), sur la réforme des droits d’enregistrement à 3 % : “Elle est inégalitaire car elle rate complètement sa cible”
Christie Morreale était l’invitée du « Café sans filtre » sur LN24, ce jeudi 5 décembre 2024. La cheffe de groupe du Parti Socialiste au Parlement wallon est revenue avec Maxime Binet sur la réforme des droits d’enregistrement à 3 % ainsi que celle des droits de succession et de donation, toutes deux approuvées ce mercredi soir.
- Publié le 05-12-2024 à 10h24
Dès la création du gouvernement MR-Engagés, beaucoup craignaient un recours à l’austérité au sein de l’opposition. Pourtant, les réformes des droits d’enregistrement à 3 % et des droits de succession, qui entreront en vigueur respectivement le 1er janvier prochain et en 2028, viennent d’être adoptées. De quoi rassurer les bancs de l’opposition ? Pas vraiment si l’on en croit Christie Morreale, cheffe de groupe du Parti Socialiste au Parlement wallon.
« On avait dit que l’équation ne tiendrait pas, rappelle la socialiste. On ne peut pas dire qu’il faut assainir les finances publiques et aller chercher 2,3 milliards d’un côté alors qu’on fait un cadeau de 800 millions d’euros comme premier acte. Ils n’ont pas encore été chercher le moindre euro pour résoudre le déficit public. Au contraire, leur premier budget plombe le déficit de 77 millions d’euros. Ils font passer une réforme et ils ne disent pas du tout comment ils vont la payer, car rien n’est gratuit. Et donc, ces cadeaux qui vont bénéficier aux plus fortunés, c’est la classe moyenne qui va les payer avec des augmentations de taxe qui ne disent pas leur nom comme la taxe poubelle, etc. »
guillement Réformer les droits d’enregistrement, c’est quelque chose de positif dans l’absolu mais cette réforme de 3% est inégalitaire.
La première des deux réformes conduira concrètement à ce qu’à partir du 1er janvier prochain, les acquéreurs d’une habitation propre et unique ne paient plus que 3 % de droits d’enregistrement, contre 12,5 % actuellement. Mais ce texte ne plaît pas au Parti Socialiste, qui le trouve inéquitable et trop favorable aux plus fortunés.
« Réformer les droits d’enregistrement, c’est quelque chose de positif dans l’absolu, concède Christie Morreale. Mais cette réforme de 3 % est inégalitaire car elle rate totalement sa cible. Si l’objectif c’est de permettre à la classe moyenne de pouvoir acheter et que la banque dise oui à votre prêt, il faut que ce soit basculant. Si, par exemple, le prix moyen d’une habitation est de 223.000 euros et que 36 % des gens achètent une maison à 150.000 euros, que propose le gouvernement pour eux ? Une réduction de 2.100 euros. Autant dire que ça ne va rien changer pour les banques. Par contre, si vous achetez une maison à 1 million d’euros, là vous avez 92.000 euros de gains. C’est injuste ! »
guillement On voit bien avec cette réforme, qu’une majorité de la classe moyenne aura des miettes alors que ce sera open bar pour les plus fortunés.
La majorité wallonne veut un retour à l’équilibre budgétaire dans deux législatures, soit dans 10 ans, et veut lutter contre le déficit qui est de 2,3 milliards, soit 10 % du budget wallon. Face à ce double constat, le Parti socialiste estime que les deux mesures qui concernent les droits d’enregistrement et les droits de succession sont une sorte d’arbre qui cache la forêt.
« Le gouvernement MR-Engagés dit vouloir faire des économies et gérer autrement pour revenir à l’équilibre en 2029. Mais le premier acte qu’ils posent, c’est de plomber les finances de 800 millions d’euros et de faire un budget qui plombe le déficit de 77 millions d’euros en 2025. Ils disent qu’ils vont virer des fonctionnaires, ne plus remplacer dans la fonction publique, ne plus financer certaines associations, couper dans les logements publics, etc. On fait croire que c’est pour assainir, alors que pas du tout, c’est uniquement pour payer une toute petite partie des réformes qu’ils viennent de faire passer. »
La classe moyenne flouée ?
Dès lors, la question qui se pose, c’est de savoir qui va trinquer ? Seront-ce les pouvoirs locaux ou bien les villes et les communes ? Pour Christie Morreale, c’est d’abord la classe moyenne qui va se sentir flouée.
« La classe moyenne a cru dans les slogans disant que les gens allaient y gagner. Or, on voit bien avec cette réforme, qu’une majorité de la classe moyenne aura des miettes alors que ce sera open bar pour les plus fortunés. Et effectivement, pour payer la réforme, ils s’attaquent au service public et aux fonctionnaires. Quand on dit que le gouvernement MR-Engagés décide de ne plus indexer les subventions des puéricultrices dans les crèches communales, c’est 1.500 travailleurs. Même chose dans les maisons de repos, on ne va plus indexer les aides soignants et ce sera à la commune de compenser. Techniquement, ils ne font pas de taxe mais ils renvoient la patate chaude aux autres. »
guillement Alors que le gouvernement organise un définancement des services et nous impose des règles qui vont coûter beaucoup plus cher, il nous dit qu’il va falloir vivre avec moins.
Après la classe moyenne, ce sont les communes et les villes wallonnes qui devront faire face à ce qui est proposé en termes de budget. La socialiste Christie Morreale estime qu’elles sont mises dans une situation impossible.
« Le gouvernement wallon, et on verra pour le fédéral, oppose les villes aux communes. Si on ne permet pas aux villes d’être financées structurellement à l’équilibre, on ne va pas pouvoir développer ni les villes, ni l’économie de la Wallonie. Alors que le gouvernement organise un définancement des services et nous impose des règles qui vont coûter beaucoup plus cher, il nous dit qu’il va falloir vivre avec moins », s’offusque-t-elle.