France

Les élèves français à la traîne en maths et sciences… « Cela traduit les difficultés du système »

En France, seuls 3 % des collégiens ont un niveau avancé en mathématiques, contre 11 % en moyenne internationale. Ce qui fait penser que depuis sa première participation en 2015 à l’enquête internationale Timss (Trends in international mathematics and science study) organisée par l’IEA (International association for the evaluation of educational achievement), notre pays ne brille pas.

Il s’y classe significativement en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE et de l’UE (lire encadré). Ce sont des pays asiatiques qui décrochent les premières places pour les mathématiques et les sciences en CM1, tandis que le Chili est en bas du classement.

L’effet Covid et une progression sur le long terme

En mai 2023, 57 pays ou provinces ont participé à cette enquête d’ampleur qui existe depuis 1995. En France, environ 4.700 élèves de niveau CM1 et 4.500 élèves de niveau 4e ont été évalués. « On observe une stabilisation », note le ministère de l’Education nationale, qui précise que c’est une bonne nouvelle au sens où les cohortes évaluées ont connu la crise du Covid-19 en CP pour les CM1 et en 6e pour les 4e. Leurs résultats ont été comparés à ceux d’autres élèves (dans le cadre de la précédente étude de 2019) avant la crise sanitaire.

« Les progrès des élèves se font à des phases différentes dans le cursus scolaire », relativise également le ministère. La France accuse un retard en mathématiques en CM1, en se situant très en dessous de la moyenne, il est un peu moins marqué en 4e. Et on assiste à un rattrapage au niveau de la moyenne si on en croit l’étude Pisa, qui s’adresse aux élèves de 15 ans. « Il faut regarder le film de la scolarité dans son ensemble », pointe le ministère. Pour les sciences, le constat est le même : une stabilisation du niveau, mais l’Hexagone reste sous la moyenne des pays de l’UE.

Comment interprétez ces chiffres ?

En conclure que les élèves français sont de moins en moins capables d’apprendre ou que les enseignants sont de moins en moins investis serait passer à côté du problème pour Lalina Coulange, professeur des universités au laboratoire épistémologie et didactiques des disciplines à l’Université de Bordeaux. « Je trouve essentiel de l’affirmer surtout à la veille d’un mouvement social s’annonçant d’une grande ampleur et visant, entre autres, à dénoncer des conditions de travail dégradées des enseignants qui ne sont sans doute pas « pour rien » dans de tels résultats. Car un enseignant empêché d’enseigner, ce sont aussi des élèves qui ne peuvent pas apprendre… », réagit-elle auprès de 20 Minutes.

Le ministère met en avant les résultats de l’étude TIMSS 2015 qui avaient été « un électrochoc » et conduit au plan mathématiques de 2018. Pour autant, on peine à voir ses effets dans l’enquête publiée ce mercredi… « Ce que ces résultats traduisent, et ce depuis presque dix ans, ce sont les difficultés du système (dont l’école, mais pas que…) et à laquelle l’État français peine visiblement à trouver des « solutions ». Et ce, malgré des (ou à cause de ?) réformes de l’enseignement qui se succèdent à une vitesse accrue », commente Lalina Coulange.

Depuis une décennie, les études internationales classent la France en queue de peloton des pays de l’OCDE en mathématiques. « Ce qui touche de plein fouet « tous les élèves », y compris les meilleurs d’ailleurs, continue la professeur d’université. Mais encore plus les plus faibles puisque ce sont aussi des inégalités scolaires accrues que donnent à voir ces résultats. »

Quelles actions envisagées par le ministère ?

Dans le cadre de l’acte II du Choc des savoirs, les nouveaux programmes de mathématiques vont entrer en vigueur à la rentrée 2025. « Les fractions et les nombres décimaux, traités jusqu’ici au cours moyen et évalués parmi d’autres notions dans TIMSS, seront désormais introduits plus tôt dans la scolarité, dès le CE1, afin de favoriser l’acquisition des automatismes en mathématiques chez les élèves », explique le ministère dans son communiqué. Pour le collège, il mise sur ces groupes de besoins, étendus aux classes de 4e et 3e à partir de la rentrée 2025, pour élever le niveau de tous les élèves.

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Si le plan mathématiques comprend un plan de formation continue pour les enseignants, Lalina Coulanges veut aller plus loin. Il faut s’attaquer aux problématiques de sureffectifs dans les classes et de formation à la va-vite des enseignants contractuels. « Continuons à penser qu’il suffit « de savoir peu de choses » pour devenir enseignant (ou même qu’un bon niveau dans la (ou les) discipline(s) que l’on a à enseigner suffit) et nous ne résoudrons rien des problèmes actuels, j’en suis convaincue… »