France

Comme Carlos Tavares, ces patrons ont touché des millions en quittant leur entreprise

«À la fin de son préavis de démission, le salarié ne touche pas d’indemnité de rupture. » Ceci n’est pas une invention, c’est bien ce qui est écrit dans le Code du travail français. Si vous décidez de quitter votre boîte et que vous filez votre « dèm », les seules sommes auxquelles vous pourrez prétendre seront vos reliquats de salaire, vos congés payés et potentiellement quelques primes si elles sont liées à votre contrat de travail. Pour le reste, vous n’aurez rien. Mais il y a des exceptions et Carlos Tavares en fait partie.

Le patron de l’empire automobile Stellantis a annoncé sa démission avec effet immédiat dimanche en raison de « points de vue différents » entre le conseil d’administration et le dirigeant portugais, a expliqué Henri de Castries, administrateur de Stellantis. D’après France Info, Carlos Tavares ne partira pas les mains vides. Déjà auréolé d’un salaire délirant à 36,5 millions d’euros pour l’année 2023, le puissant patron de l’automobile devrait en plus empocher « quelques dizaines de millions d’euros ». Il n’est pas le premier à s’offrir un gros chèque qui ressemble fortement à ce que l’on appelle un « parachute doré ». Voici notre top 5 (+ bonus).

Tom Enders (Airbus)

Il a passé dix-neuf ans dans les instances dirigeantes d’Airbus, contribuant à la bonne santé financière de l’avionneur français. En 2019, Tom Enders avait pourtant vu son conseil d’administration le lâcher, poussant le patron du géant de l’aéronautique à mettre les voiles. Mais pas sans rien. Airbus propose à son dirigeant de partir avec l’équivalent de 36,8 millions d’euros, sous forme de primes et de clauses en tous genres. La révélation de ce chiffre, confirmé par Airbus, provoque un véritable tollé, y compris dans les rangs du gouvernement.

Antoine Zacharias (Vinci)

Il a longtemps été le patron le mieux payé de France. A la tête de l’empire des travaux publics Vinci, Antoine Zacharias avait empoché plus de 200 millions d’euros de salaires en six ans. De quoi voir l’avenir sereinement. Mais comme ça ne suffisait pas, le groupe a décidé de lui céder des sommes astronomiques au moment de son départ forcé. Il empoche alors 13 millions d’euros et s’offre une retraite garantie de 2,5 millions euros par an et des plus-values sur 12 millions d’actions.

Antoine Zacharias, ex-patron de Vinci ici, en 2010, devant le tribunal de Nanterre, s'est opposé au groupe, estimant qu'il lui devait de l'argent. La justice l'avait condamné pour abus de pouvoir.
Antoine Zacharias, ex-patron de Vinci ici, en 2010, devant le tribunal de Nanterre, s’est opposé au groupe, estimant qu’il lui devait de l’argent. La justice l’avait condamné pour abus de pouvoir. - Niko/Sipa

L’homme d’affaires s’exile alors en Suisse. Expliquant avoir été poussé à démissionner, il avait intenté des actions en justice pour réclamer des fortunes à Vinci mais avait été débouté de ses demandes. Il a également été condamné en 2011 au pénal pour « abus de pouvoir », à l’amende maximale par la cour d’appel de Versailles. Antoine Zacharias avait dû débourser 375.000 euros. Une broutille.

Philippe Varin (PSA)

On pensait que Stellantis aurait pu retenir « la leçon Philippe Varin ». Alors qu’il était patron du groupe automobile PSA (qui fait partie de Stellantis), le patron avait failli partir avec une « retraite chapeau » de 21 millions d’euros. Face aux critiques, il avait fini par renoncer à la somme, se contentant d’une petite retraite de 300.000 euros par mois.

Serge Tchuruk, Patricia Russo et Michel Combes (Alcatel-Lucent)

A voir le bilan de ses anciens dirigeants, on se dit que le groupe Alcatel-Lucent aurait mieux fait de se lancer dans la fabrication de parachutes que de téléphones. A plusieurs reprises, des dirigeants du groupe de télécoms ont avalé des indemnités de départ de plusieurs millions de dollars, alors que l’entreprise ne cessait de dévisser et de licencier. En 2008, Serge Tchuruk démissionne alors que l’entreprise va très mal. Il empoche alors 5,7 millions d’euros. Quelques mois plus tard, c’est Patricia Russo qui fait de même, avec la coquette somme de 6 millions d’euros dans sa valise. Sous la direction des deux dirigeants, un peu plus de 16.000 personnes ont été licenciées du groupe.

Patricia Russo, ici photographiée en 2008, a empoché six millions d'euros au moment de son départ du groupe Alcatel-Lucent.
Patricia Russo, ici photographiée en 2008, a empoché six millions d’euros au moment de son départ du groupe Alcatel-Lucent.  - Meigneux/Sipa

Quelques années plus tard, le groupe télécoms reproduira pourtant le même schéma, annonçant cette fois une prime de 14 millions d’euros pour Michel Combes. En partance pour Numericable-SFR après trois années chez Alcatel, le patron fait face à un torrent d’indignation. Sa rémunération est alors réduite de moitié, soit 7 millions d’euros environ.

Thierry Pilenko (TechnipFMC)

Il était à la tête d’un empire mais fragile. Président exécutif du groupe franco-américain TechnipFMC, Thierry Pilenko avait touché pas loin de 14 millions d’euros lors de son départ en mai 2019. L’année précédente, son groupe avait perdu deux milliards de dollars.

Le bonus : Jean-Marie Messier (Vivendi)

C’est à coup sûr l’histoire la plus rocambolesque de ce top 5. Jean-Marie Messier, l’homme qui avait écrit dans un livre que les parachutes dorés n’étaient pas justifiés, avait réclamé une fortune à Vivendi au moment de son départ : un chèque de 20 millions d’euros, le remboursement des travaux de son appartement à New York (près d’un million d’euros), une assurance maladie et quelques personnels pour lui et sa femme. Après des années de combat judiciaire, il a finalement été condamné alors qu’il n’avait finalement pas perçu la somme promise.