PSG – Nantes : « C’est inexplicable »… Paris ou l’art de se saboter à la moindre minuscule occasion adverse
Au Parc des Princes,
On l’aime bien Antoine Kombouaré, mais lorsque l’entraîneur du FC Nantes a sorti, quelques heures avant d’affronter le PSG, qu’il venait au Parc des Princes samedi soir dans l’optique de chercher le 0-0, avec une ligne Maginot ultrarenforcée aux ordres du sergent-chef Pallois, on a quand même esquissé un sourire. Et on n’a pu s’empêcher de pouffer quand, moins de deux minutes après le début du match, Achraf Hakimi a franchi les barbelés sans la moindre égratignure, mettant toute l’armée jaune et vert à terre.
Prendre un but aussi tôt, avec un gardien (Patrik Carlgren) envoyé à l’abattoir pour sa première dans le championnat du siècle, avec un plan de jeu aussi simpliste et face à une équipe qui devait une revanche à ses supporteurs après la défaite à Munich, quelques jours plus tôt, on était beaucoup à voir repartir les Canaris avec les valises bien pleines. Bien bien pleines. Il n’en a rien été. La faute à la maladresse, la malchance, la malédiction, la nullité – appelez-la comme vous voulez – des Parisiens face au portier suédois.
« Ils ont fait une très bonne action et ont marqué »
84 % de possession, 24 tirs (dont 10 cadrés), plus de 1.000 passes… Toutes ces stats folles pour un seul but. Suffisant pour que Luis Enrique montre, pour une fois, sa colère, devant son banc, en fin de match, devant une énième occasion des siens fuyant le cadre. « Il manque un peu de confiance, de clarté, de précision, de foi, a déploré le coach espagnol en conférence de presse. La vérité, c’est que quand on prépare un match, on pense générer 5 ou 6 occasions claires pour gagner le match. Là, nous en avons créé beaucoup plus. L’adversaire a fait une très bonne action et ils ont marqué. »
Oui, car c’est bien là le pire. Si Paris avait gâché sa pelletée d’occasions tout en ramenant la victoire, cela aurait eu peu d’incidence, à part quelques traditionnels « l’important, c’est la victoire, maintenant il faut qu’on s’améliore devant le but ». Mais, avec le nul au bout d’une soirée glaciale à en perdre ses doigts de pied, l’interrogation vient également sur l’efficacité de la défense parisienne. Car ce n’est pas la première fois que Paris est crucifié sur de rares incursions adverses. Et avancer sans rame, c’est déjà compliqué, mais s’il faut le faire à contre-courant, c’est presque mission impossible.
Du déjà-vu cette saison
Rappelez-vous le match face au PSV Eindhoven (1-1) : 28 tirs, 61 % de possession pour au final se faire avoir sur un but de Noa Lang et devoir galérer pour essayer de revenir au score face à des Bataves qui n’avaient tiré qu’à 8 reprises. Pire, encore, contre l’Atlético de Madrid, spécialiste du ravitaillement par miettes. Les Colchoneros s’étaient imposés au Parc des Princes au bout du temps additionnel (1-2), après avoir passé le match à se faire tournebouler. 22 tirs à 4, 72 % de possession de balle. Suffisant pour vouloir se mettre des petits coups de fourchette dans les yeux pour ne pas assister à un tel désastre.
« Inexplicable, a répété plusieurs fois Luis Enrique, comme interdit. Ce qui est incroyable, c’est que cette année, ce sont les meilleures stats de ma carrière d’entraîneur en matière d’occasion de but créée, et en matière d’occasions de but concédées. Je ne peux pas l’expliquer. Il y a un moment où je me dis que ça va changer. Ça va changer, c’est sûr. Parce qu’il est impossible de continuer cette série si négative. » Pourtant, il y a bien des explications.
Défendre pour les nuls
Au-delà de la réussite insolente des adversaires, il y a la façon de défendre des Parisiens qui est à pointer du bout de notre petit doigt. Pour reprendre les précédents méfaits, face au PSV, Marquinhos avait laissé Lang avancer et armer sans le gêner. Contre les Espagnols, Vitinha s’était fait passer pour un U8 face à Angel Correa, alors que Willian Pacho s’est fait un tour de reins, une sorte de Jérôme Boateng sans tomber pour les connaisseurs, face au crochet de Matthis Abline, samedi soir.
L’ancien Rennais, qui a profité de la première occasion nantaise pour planter aurait même pu en mettre un deuxième après les citrons sur une reprise de la tête bien détournée par Gianluigi Donnarumma. Histoire de bien faire dégoupiller les Parisiens face à la 14e attaque de Ligue 1. « Les scénarios se répètent […], ils ont deux occasions et ils mettent un but, regrettait Warren Zaïre-Emery en zone mixte. Nous, on en a vingt et il n’y en a qu’une qui rentre. »
Alors, cette fébrilité de la défense parisienne est-elle quelque chose sur lequel l’adversaire insiste ? « Depuis mardi, on a travaillé que ça : accepter de ne jamais avoir le ballon, de défendre, de ne faire que reculer, a détaillé Antoine Kombouaré après la rencontre. Et puis, travailler sur les phases de transition et les espaces qu’on allait avoir. Les premières relances étaient importantes. Dans les déplacements, il y en a un qui décroche, un qui plonge. On a essayé de varier les appels aussi pour pouvoir justement perturber cette défense. Et après, aller au bout de nos situations. On l’a fait une fois. Ça a payé. » Promis, on ne rigolera plus jamais Antoine.