Algérie

Lutte contre le cancer du sein : entretien exclusif avec Khalil Kadaoui, DG de Roche Algérie

Depuis plus de 125 ans, le groupe Roche s’illustre par son engagement en faveur de l’innovation dans le domaine de la santé. Acteur majeur dans les secteurs de la pharmacie, du diagnostic et du diabète, Roche concentre ses efforts sur les besoins médicaux non couverts et l’amélioration de l’accès aux soins, en particulier dans les régions où cet accès demeure un défi important.

Face aux défis majeurs posés par le cancer du sein en Algérie, Khalil Kadaoui, directeur général de Roche Algérie, revient sur les efforts déployés pour améliorer le dépistage précoce et l’accès aux soins. Dans cet entretien exclusif, il met en avant l’importance des partenariats public-privé, des innovations technologiques et de la collecte de données pour façonner des politiques de santé adaptées aux besoins locaux. À travers une approche visionnaire et des initiatives concrètes, Roche Algérie s’engage à renforcer les infrastructures de santé, réduire les inégalités et offrir des solutions durables aux patientes algériennes.

M. Kadaoui, selon votre expérience, quels sont les défis les plus pressants auxquels font face les femmes atteintes de cancer du sein en Afrique du Nord, et plus particulièrement en Algérie ?

En Algérie, les défis dans la lutte contre le cancer du sein sont liés à la complexité de la maladie et à l’évolution constante des besoins en matière de diagnostic et de traitement. Il est essentiel de continuer à renforcer les efforts de sensibilisation et d’éducation pour encourager les femmes à adopter les bonnes pratiques de prévention et de dépistage.

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Chez Roche Algérie, nous travaillons avec des partenaires locaux pour introduire des solutions diagnostiques avancées et pour élargir l’accès à des technologies innovantes, tout en mettant en place des campagnes de sensibilisation adaptées aux besoins des patientes. Ces initiatives contribuent à améliorer la qualité des soins et à soutenir les objectifs de santé publique de notre pays.

En tant que DG, quelle place attribuez-vous aux partenariats public-privé pour améliorer l’accès aux soins des patients algériens ?

Les partenariats public-privé sont indispensables pour améliorer l’accès aux soins en Algérie. Ils permettent de mobiliser les ressources et les expertises des secteurs public et privé pour répondre aux besoins croissants des patients.

Par exemple, chez Roche Algérie, nous collaborons avec les autorités de santé et des associations locales pour renforcer la sensibilisation et l’intérêt du dépistage précoce, introduire des outils digitaux tels que les registres de maladies, et former les professionnels de santé. Ces efforts combinés améliorent non seulement l’accès aux soins, mais aussi leur qualité, tout en soutenant le développement d’un écosystème de santé plus résilient.

Selon vous, quelles sont les innovations technologiques qui pourraient révolutionner le dépistage et le traitement du cancer du sein en Algérie ?

Les technologies comme l’intelligence artificielle et le diagnostic moléculaire personnalisé ont le potentiel de révolutionner la gestion du cancer du sein. Roche Algérie a déjà initié des projets pour intégrer ces innovations dans le système de santé.

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Nous travaillons notamment à renforcer les collaborations avec des partenaires locaux pour introduire des tests diagnostiques de pointe et des outils numériques qui aident à personnaliser la prise en charge en fonction des spécificités de chaque patiente. Ces initiatives sont soutenues par nos efforts continus dans la formation des professionnels de santé et le renforcement des capacités locales.

M. Kadaoui, comment la collecte et l’analyse de données peuvent-elles contribuer à façonner les politiques de santé publique en Algérie dans la lutte contre le cancer ?

La collecte et l’analyse de données sont des piliers pour des politiques de santé publique efficaces. En Algérie, un système robuste de gestion des données pourrait aider à suivre les taux de dépistage, analyser les tendances épidémiologiques, identifier les besoins spécifiques des patients et informer la décision.

Chez Roche Algérie, nous soutenons des initiatives visant à établir des registres de maladies et à digitaliser le parcours du malade, offrant ainsi aux décideurs des informations basées sur des preuves pour mieux allouer les ressources et optimiser les soins, ce qui est appelé des systèmes de soins basés sur la valeur (VBHC).

Quels exemples internationaux considérez-vous comme des modèles pertinents pour améliorer l’accès aux soins en Algérie et dans d’autres pays à revenus intermédiaires ?

Un exemple inspirant est l’initiative présidentielle égyptienne « 100 Million Healthy Lives », qui vise à offrir un dépistage gratuit à grande échelle, y compris pour le cancer du sein. Ce programme a permis de sensibiliser des millions de femmes et d’assurer un suivi médical rapide grâce à des collaborations entre le secteur public et des acteurs privés. Cette approche intégrée démontre comment des efforts coordonnés peuvent significativement améliorer l’accès au dépistage et au traitement.

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Un autre exemple remarquable est celui de la Finlande, qui se distingue par son système de santé universel axé sur la prévention et le dépistage. Le pays a intégré des technologies de pointe et un suivi digitalisé des patientes pour assurer un diagnostic précoce et des soins adaptés. Ces initiatives permettent non seulement d’optimiser les résultats médicaux, mais aussi de réduire les coûts à long terme.

Quel rôle attribuez-vous aux organisations communautaires algériennes dans la sensibilisation et l’éducation au cancer du sein ?

Les organisations communautaires sont essentielles pour toucher les populations vulnérables et promouvoir la prévention. Leur proximité avec les communautés leur permet de briser les tabous et de sensibiliser efficacement aux avantages du dépistage précoce. Chez Roche Algérie, nous collaborons avec des associations comme El Badr et DHAIA pour organiser des campagnes locales, offrir des mammographies gratuites, et éduquer les femmes sur l’autopalpation et les facteurs de risque. Ces efforts sont renforcés par des formations spécifiques pour les membres des associations, augmentant leur impact sur le terrain.

En tant que DG, quelles méthodes envisagez-vous pour évaluer l’impact des initiatives de sensibilisation sur la détection précoce du cancer du sein en Algérie ?

Pour mesurer l’impact de nos initiatives, nous utilisons plusieurs indicateurs clés : l’augmentation du nombre de femmes participant aux dépistages précoces, la réduction des cas diagnostiqués à un stade avancé, et nous œuvrons pour la mesure de la qualité de vie des patientes dans le cadre d’expériences pilotes de VBHC.

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Nous prenons également en compte la diminution du nombre de décès liés au cancer du sein, un objectif essentiel dans nos efforts. Ces indicateurs sont complétés par les retours qualitatifs des professionnels de santé impliqués dans ces programmes.

Aujourd’hui en Algérie, les spécialistes comptent qu’environ 70 % de femmes avec cancer du sein sont diagnostiquées à un stade précoce, un taux qui 10 ans en arrière concernait des femmes diagnostiquées à un stade avancé métastatique. Le renversement de cette balance de manière considérable témoigne de l’efficacité des efforts entrepris par toutes les parties prenantes dans le passé.

Chez Roche Algérie, nous travaillons avec nos partenaires pour nous assurer que chaque initiative a un impact tangible, contribuant à sauver des vies et à améliorer le parcours de soins des patientes. Nos campagnes de sensibilisation s’intègrent ainsi dans une stratégie globale visant à répondre aux besoins locaux et à renforcer la santé publique.