France

Meurtre de Victorine : « J’ai toujours eu un pied dans le bien et un autre dans le mal », admet Ludovic Bertin

A la cour d’assises de l’Isère

« Je ne pense pas avoir de problèmes psychiatriques. » Mais Ludovic Bertin, jugé depuis lundi à Grenoble pour le meurtre de Victorine Dartois et le viol d’une autre jeune femme, le confesse spontanément : Il a « un pied dans le bien, un pied dans le mal ». Longuement interrogé sur sa personnalité, l’accusé a reconnu mercredi sa « dualité ». « Il y a deux Ludovic. Celui qui a une vie de famille, qui travaille et qui prend soin de ses proches. Et l’autre qui sort beaucoup et ne respecte pas les règles », développe-t-il.

« Comment l’expliquez-vous ? », l’interroge une assesseur. « J’ai l’impression de vouloir me faire accepter de la personne en face de moi. Si cette personne n’a pas de bonnes intentions, je la suis quand même. C’est ce que j’ai compris à travers le travail que je fais sur moi en prison avec un psychologue », répond-il, confirmant avoir eu des « mauvaises fréquentations » dès l’adolescence.

Shit, cocaïne, alcool et pornographie

Devant les jurés, Ludovic Bertin reconnaît ses parties « sombres », sans en assumer la totalité. S’il admet avoir vendu des stupéfiants dans son quartier « pour dépanner », il réfute pourtant catégoriquement le terme de « dealer », niant farouchement la réputation dont il jouissait de « gars toujours opé » prêt à refourguer « du bon shit ».

Même chose pour ses addictions en tout genre. L’alcool et la drogue, il consent à en parler, expliquant être tombé dans la cocaïne « comme ça », lors d’une soirée avec des copains. « Après, je n’ai jamais arrêté. Cela a eu un impact sur ma vie personnelle et professionnelle. C’est devenu ingérable. C’est pour ça que je m’en cachais. » Mais lorsqu’on lui fait remarquer qu’il avait « le libre arbitre de voir quelqu’un pour se sevrer », Ludovic Bertin peine à se justifier : « j’avais envie d’arrêter mais c’était trop tard. »

En revanche, pas question de s’étendre sur les images ou fichiers pornographiques retrouvés par centaine dans son téléphone. Mis devant le fait accompli, l’accusé botte en touche. Et quand les avocates des parties civiles le cuisinent sur ses infidélités – qu’il assume – pour mettre en exergue ses méthodes « insistantes » envers ses différentes conquêtes « d’un soir », il se braque. Le « coureur de jupons », oui. L’« agresseur », non. « L’une d’entre elles explique que vous ne lâchez pas jusqu’à obtenir ce que vous voulez. Elle dit qu’elle a toujours cédé, donc vous n’avez jamais été violent envers elle. Êtes-vous insistant ? » Silence. « Oui… enfin, non ». « Alors pourquoi a-t-elle toujours cédé ? » « Parce qu’elle le voulait », lâche Bertin, un brin agacé.

« Ce que j’ai fait, c’est inaudible »

Les violences envers son amour de jeunesse, il préfère aussi les minimiser. « Je cassais tout, oui, mais on était deux tornades. On avait deux tempéraments de feu. En aucun cas, j’étais le type qui la frappait et la séquestrait », assure-t-il. Un portrait qui contraste fortement avec les déclarations de son ancienne belle-famille. Absente à l’audience, la mère de son ex-épouse a assuré devant les gendarmes que Ludovic Bertin était un « tordu », un « filou », un « vicieux ». « Il y avait quelque chose de sombre, de malsain et diabolique chez lui. Je ne le sentais pas ». Mais debout face à la cour, l’intéressé s’en défend encore. « Malgré ce que je lui ai fait, je l’aimais vraiment. C’est moi qui ai foiré. » Et d’aborder progressivement, sans le nommer, le meurtre de Victorine : « Il m’a fallu un certain temps pour me regarder dans le miroir. Ce que j’ai fait, c’est indescriptible, inaudible. L’irréparable a été commis. Il faut que je fasse un travail sur moi pour être meilleur… Ce ne sont pas des paroles en l’air. »

Le verdit est attendu le 6 décembre. Ludovic Bertin encourt la réclusion criminelle à perpétuité.