Manifestations : Lille, Strasbourg, Perpignan… Les actions des agriculteurs ce mardi pour protester contre le Mercosur
«Ras-le-bol ! ». Les agriculteurs ont multiplié les actions mardi contre « tout ce qui entrave (leur) vie », après une semaine de mobilisation contre le traité de libre-échange avec le Mercosur. L’Assemblée nationale a approuvé ce soir un large refus « en l’état » de cet accord considéré comme néfaste à l’agriculture française.
A Strasbourg, une cinquantaine de tracteurs d’agriculteurs de la Coordination rurale (CR, 2e syndicat agricole) ont été bloqués par les forces de l’ordre à environ un kilomètre du Parlement européen, où ils souhaitaient se rendre pour exprimer leur opposition à l’accord de libre-échange négocié entre l’UE et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
Des actions jusqu’à jeudi
« On nous interdit des insecticides, des herbicides, des semences OGM, des produits qu’on considère dangereux pour la santé humaine, et tous ces pays d’Amérique du Sud travaillent avec ça, à grand renfort de déforestation. C’est aberrant », a déclaré Cyril Hoffmann, venu de Côte d’Or. Déplorant d’être bloqués dans la ville, les manifestants de la Coordination rurale ont accueilli les eurodéputés venus à leur rencontre, dont Marion Maréchal (extrême droite) et Manon Aubry (LFI).
De son côté, l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs a lancé partout en France de nouvelles actions jusqu’à jeudi, visant « tout ce qui entrave la vie des agriculteurs », notamment les administrations (préfectures, agences de l’eau, etc.), a précisé mardi sur France 2 le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.
Un cercueil a Perpignan
« Stop les papiers on en a marre » ou « Ras-le-bol », clamaient des pancartes accrochées à des tracteurs venus bloquer la cité administrative de Lille. A Perpignan, une centaine d’agriculteurs vêtus de noir ont défilé derrière un cercueil, jusqu’à la préfecture.
Mardi à la mi-journée, quelque 660 agriculteurs menaient une vingtaine d’actions dans 15 départements, selon le dernier bilan des autorités, qui évoque notamment des rassemblements à Rouen (Seine-Maritime) ou Laon (Aisne), un barrage filtrant à Poitiers et des opérations sur des plateformes logistiques de supermarchés comme à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Blocage du port de Bordeaux
Moins d’un an après une mobilisation historique, les agriculteurs estiment n’avoir pas obtenu suffisamment d’avancées concrètes. Si les deux premiers syndicats partagent certaines revendications – comme de pouvoir utiliser des pesticides aujourd’hui autorisés en Europe et interdits en France du fait de leur toxicité –, ils occupent le terrain en ordre dispersé, dans un climat tendu à quelques semaines de leurs élections professionnelles.
La Coordination rurale, qui espère briser l’hégémonie de la FNSEA dans les chambres d’agriculture lors des élections de janvier, a multiplié les coups d’éclat, comme le blocage du port de Bordeaux, le saccage d’un bureau de l’Office français de la biodiversité dans la Creuse ou en perturbant un déplacement d’Arnaud Rousseau à Agen (Lot-et-Garonne).
Risque « de déséquilibres profonds pour nos producteurs »
Loin du duel opposant les deux premiers syndicats, la Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, continue ses mobilisations contre le Mercosur, avec une action prévue en Dordogne dans la journée.
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a assuré lundi que la France progressait dans la construction d’une minorité de blocage à cet accord commercial de libre-échange.
Ce traité permettrait l’entrée en Europe de viande, sucre ou maïs importés sans droits de douane, risquant « de provoquer des déséquilibres profonds pour nos producteurs », ont estimé les ministres de l’Agriculture et du Commerce extérieur (Sophie Primas) dans une tribune commune au Figaro.