Jacqueline Galant (MR) : “Gouverner sans le PS, c’est déjà une réforme en soi. Tout est plus efficace”
Jacqueline Galant (MR), ministre wallonne et ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles, revient sur sa réconciliation avec son président de parti, Georges-Louis Bouchez. Défendant une ligne politique de « droite populaire » depuis longtemps, elle estime que la victoire du MR aux élections de juin et d’octobre lui a donné raison.
- Publié le 23-11-2024 à 07h03
- Mis à jour le 23-11-2024 à 07h04
Vous avez fait la paix avec Georges-Louis Bouchez, le président du MR, avec qui vous étiez en opposition sur le même territoire électoral. Et vous voilà ministre, nommée par lui. Que s’est-il passé ?
On a eu l’intelligence de travailler ensemble pour notre parti et notre région. L’union de nos deux personnalités, qui sont totalement différentes, est vraiment gagnante. Quand on voit les résultats du MR dans nos circonscriptions, on s’en rend compte. Lui et moi, on défend une ligne de droite populaire : on va dans tous les milieux, on va dans tous les quartiers, on n’a pas peur.
Au sujet de cette ligne de droite populaire, vous n’avez pas toujours été entendue au sein de votre parti. Or, le score du MR en juin et en octobre démontre que cette stratégie a permis de battre le PS dans ses bastions. Avez-vous eu raison avant tout le monde ?
Nos collègues du Luxembourg ou du Brabant wallon ne nous comprennent pas toujours, car notre réalité, dans le Hainaut, est très différente de la leur. Vous vous souvenez de mes prises de position au sujet de Bruxelles, il y a dix ans ? Venant de ma province profonde, je me disais déjà choquée par l’évolution du communautarisme. Aujourd’hui, on est face à ce problème. En étant au contact de la population en permanence, on perçoit ce qui en remonte. Vous savez, moi, je vis comme tout le monde. Le matin, je vais conduire mon petit à l’école. Moi, tout le monde a mon numéro de téléphone.
guillement En étant au contact de la population en permanence, on perçoit ce qui en remonte. Vous savez, moi, je vis comme tout le monde. Le matin, je vais conduire mon petit à l’école. Moi, tout le monde a mon numéro de téléphone. »
Vous avez aussi marqué les esprits par votre proximité avec la N-VA, notamment sur la question migratoire.
On a beaucoup travaillé sur des dossiers compliqués avec la N-VA. Sur la migration, par exemple. Mon analyse était la même que celle qui domine en Flandre, une approche totalement différente de celle du sud du pays. J’ai été présidente de la commission des naturalisations (à la Chambre) et je me suis rendu compte que le traitement des dossiers était totalement différent entre le nord et le sud du pays. On a travaillé aussi sur le regroupement familial avec la N-VA, sur le code de la nationalité, etc. L’histoire me donne raison. Quand on voit le communautarisme à Bruxelles… Il y a trop de laxisme et cela a des conséquences : désormais, pour former un gouvernement bruxellois, c’est très compliqué.
Après votre démission, en 2016, en tant que ministre fédérale de la Mobilité dans le gouvernement Michel, vous avez effectué une traversée du désert.
Ce n’était pas un moment agréable, mais cela fait partie de la vie politique. C’était sans doute plus facile de s’attaquer à une femme qu’à un homme. Quand je vois certains ministres en poste au fédéral, quand je vois ce qu’ils ont fait… Certains ont même brûlé des billets de banque (Frank Vandenbroucke, alors président des socialistes flamands, avait ordonné de brûler une somme de cinq millions de francs belges d’origine douteuse, NdlR). Comme bourgmestre, comme parlementaire, c’est par le travail que j’ai prouvé que j’avais autant de légitimité que les autres.
Didier Reynders a dit que « mettre le PS dans l’opposition, c’est une réforme en soi« . Le MR gouverne sans le PS en Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Bientôt également au fédéral. Est-ce aussi « une réforme en soi » ?
Gouverner sans le PS, c’est déjà une réforme en soi, oui. Tout est plus efficace. On sent le poids de cette chape du PS qui a régné pendant tellement d’années, ce nivellement par le bas. Désormais, il y a une vraie dynamique qui se met en place. Je pense à la nouvelle rigueur en matière de gestion financière. Par exemple, dans l’aide régionale aux communes. S’il n’y a jamais de sanction contre les communes qui ne respectent pas les balises qu’on leur a fixées, alors rien ne s’améliore.
Il semble que Belfius ne veuille plus financer la ville de Mons, notamment en raison de l’arrivée du PTB dans la majorité.
Je comprends Belfius. Les autorités montoises disent qu’elles n’ont plus un rond, mais mercredi, la ville de Mons a fait une annonce lançant des invitations pour la fête du 1er janvier, précisant que tout serait gratuit… Le PTB local veut aussi « geler » la taxe immondices. Je suis interpellée : tout le monde doit participer à l’effort de tri et d’incinération des déchets. Je ne sais pas si Nicolas Martin (bourgmestre montois, PS) se rend compte de la situation dans laquelle il a mis l’ensemble des Montois. Surtout au niveau financier. Bientôt, il ne saura plus comment payer son personnel. Aucune mesure structurelle n’est prise par la commune. La Région wallonne va être obligée d’intervenir pour aider Mons, mais ce sera alors une sorte de prime à la mauvaise gestion.