France

Colère des agriculteurs : Avec ses « bonnets jaunes », la Coordination rurale joue la carte de l’escalade

En pleine colère des agriculteurs, la Coordination rurale (CR) tente de prendre la tête du mouvement en jouant la carte de la radicalité. Le deuxième syndicat agricole espère que cette stratégie lui permettre de ravir « un maximum » de chambres d’agriculture à la FNSEA majoritaire lors des élections professionnelles de janvier.

« La finalité de cette mobilisation, c’est de récupérer un maximum de chambres et d’avoir du pouvoir à Paris, de peser dans la prise de décision », explique en effet Amélie Rebière, présidente de la CR en Corrèze et 3e vice-présidente nationale du syndicat.

Un scrutin crucial pour la CR

Ces élections professionnelles détermineront la gouvernance des chambres d’agriculture et le financement public dévolu aux syndicats. Un scrutin crucial pour le second syndicat agricole, qui dirige aujourd’hui trois chambres (Lot-et-Garonne, Vienne et Haute-Vienne) et estime pouvoir en « prendre 15 à 20 », selon Lionel Candelon, président de la CR dans le Gers.

La stratégie de la CR est l’inverse de celle de la FNSEA. Le syndicat majoritaire prône, lui, des actions d’abord symboliques mais surtout pour montrer sa capacité à mobiliser sur l’ensemble du territoire. La CR, moins ancrée, où l’autonomie des sections prime lors des actions de terrain, compte plutôt frapper les esprits par des coups d’éclat.

Certains de la CR sont même prêts à aller loin. Dans leur fief du Sud-Ouest, les « bonnets jaunes » affirment ainsi vouloir « provoquer le chaos » pour se faire entendre, établissant mardi un barrage filtrant à la frontière espagnole, ciblant mercredi des centrales d’achat de la grande distribution ou bloquant le port de Bordeaux.

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A Chasseneuil-du-Poitou, dans la Vienne, au 31e congrès du syndicat né d’une scission de la FNSEA après des désaccords sur la Politique agricole commune de 1992, le ton était d’emblée conquérant et le mot d’ordre clair : « Organisez-vous pour renverser le pouvoir de la FNSEA », a lancé mardi Christian Convers, secrétaire général du syndicat. Depuis l’estrade, il a fustigé la « cogestion » de l’agriculture entre FNSEA et gouvernement, qui n’a eu comme conséquence, selon lui, que la disparition de 100.000 fermes en dix ans en France. Un « agricide », selon le syndicat.

Annie Genevard revient sur le terrain

Le combat est existentiel pour sa présidente Véronique Le Floc’h, qui a adopté mercredi le ton martial de ses troupes, appelant en clôture du congrès à « gagner le dernier assaut » lancé. « S’il faut nous monterons jusqu’à l’Elysée, nous n’avons plus rien à perdre », a-t-elle ajouté. Interrogée sur la suite du mouvement, elle avait prévenu auparavant qu’il n’y aurait « pas de pause », se démarquant à nouveau de la FNSEA qui a prévu une trêve à Noël.

Du coté du gouvernement, la ministre de l’Agriculture va tenter ce jeudi de contrecarrer cette escalade. Annie Genevard va pour cela effectuer dans le Pas-de-Calais sa première visite sur le terrain depuis le retour des agriculteurs dans la rue lundi.