La dernière de Rafael Nadal : « C’est un garçon bien »… Rafa, roi absolu des gentlemen du tennis ?
A l’occasion de la phase finale de la Coupe Davis 2024, qui marque la fin de la carrière de Rafael Nadal, 20 Minutes publie une série d’articles sur la légende du tennis aux 22 titres en Grand Chelem. Aujourd’hui, retour sur l’image du parfait gentleman que s’est construite l’Espagnol au long de sa carrière.
22 titres en Grand Chelem, dont 14 Roland-Garros, ce dernier chiffre étant pour beaucoup le plus grand exploit du sport à ce jour. Rafael Nadal compte pourtant une statistique encore plus folle à son actif : en 23 ans de carrière, l’ancien numéro 1 mondial n’a jamais cassé de raquette. Un accomplissement assez dingo auquel son équipementier babolat a tenu à rendre hommage en lui confectionnant un sac spécial avant son match de Coupe Davis contre Boitic Van de Zandschulp, mardi. Loin des 62 détruites par Novak Djokovic d’après un recensement de la page instagram Howdy Tennis et à des années-lumière des légendaires 1.055 de Marat Safin (chiffre officiel). Carlos Alcaraz, a beau se revendiquer parmi les héritiers de Rafa, il a déjà broyé son instrument pas plus tard que cet été contre Gaël Monfils.
Il est certes déjà arrivé à Nadal de taper gentiment sur sa raquette avec la paume de la main ou le genou, mais il y a dans son inébranlable retenue l’image de la sainteté, forgée dès le plus jeune âge par un Toni Nadal impitoyable. L’histoire est connue, l’oncle-entraîneur interdit formellement à son poulain, à peine six ans, de dégrader le matériel sous peine de claquer la porte. « D’abord, je ne l’acceptais pas pour des raisons économiques, racontait-il un jour. Ensuite, parce que cela signifie céder à l’adversité, et ça, je ne lui ai jamais permis. »
« Nadal est d’une patience angélique »
Tout le monde s’accorde à dire que la droiture du neveu reflète la personnalité de l’oncle. Comme Toni enseignait par l’exemple, il était plus facile pour Rafa d’assimiler ses préceptes comme de répondre gentiment aux journalistes qui font leur travail et de dire bonjour à tout le monde partout où l’on va même s’il faut y passer la journée.
« « Il y a quelques années, il recevait le trophée du fair-play Jean-Borotra, se souvient Nelson Monfort, interlocuteur privilégié. C’était à la Sorbonne, une cérémonie interminable, avec des discours qui n’en finissaient plus, ça a duré trois heures. Et Rafael Nadal était d’une patience angélique. C’était la veille du tournoi de Roland-Garros. Je peux vous dire qu’il y a plein de sportifs qui auraient envoyé promener tout ça vite fait. Pas lui. C’est tout simplement un garçon bien. » »
Pour qui serait tenté de penser qu’il est facile de bien agir en terres conquises, où tout lui sourit, l’histoire a toujours une anecdote à livrer sur la politesse du bonhomme. Arthur Bongrand, responsable des ramasseurs de balle à Roland-Garros, en livre une parmi d’autres.
« Ce qui m’a marqué et qui avait fait le tour ici c’est que le peu de défaites ou de déceptions qu’il a pu avoir à cause d’abandons à Roland-Garros, il a toujours pris le temps de dire au revoir à chaque personne, notamment celles des vestiaires, des accréditations, etc. C’est marquant parce que généralement, quand les joueurs perdent, ils passent à autre chose. Ils prennent la voiture, s’en vont à l’aéroport. Rafa a toujours pris le temps de dire merci et au revoir à tous les gens qui l’ont aidé à préparer son tournoi et ses matchs du mieux possible. »
Rafa partage son gâteau d’anniversaire avec les ramasseurs de balle
Rafa serre des mains, signe des autographes, claque des sourires pour une photo avec un fan, ne dis jamais non quand on l’approche au resto, bref, tout ce qu’un politique en campagne doit appliquer pour conquérir les cœurs. Suite logique des choses, le nom de l’Espagnol revenait systématiquement comme étant le joueur le plus sympathique aux yeux des ramasseurs de balle, avec qui il lui est arrivé de partager son gâteau d’anniversaire, porte d’Auteuil. « Nous faisons un sondage auprès des ramasseurs de balle, car ils sont au plus près de l’action, précise Nelson Monfort. Et celui qui arrive systématiquement en tête, c’est Rafa. Parce qu’il y a une manière de tendre sa serviette, et de ne pas la jeter négligemment, et ce genre de choses ne trompe pas. » Double finaliste
à Roland, Alex Corretja peut en témoigner. « Même en plein match, en plein tournoi, Rafa a toujours un »s’il te plaît » pour demander la serviette, un merci quand on lui tend une balle. » « Il a toujours fait preuve de sympathie avec les ramasseurs, avec les gens qui gravitent autour du tennis, ajoute Jo-Wilfried Tsonga. Ça ne devrait pas l’être, mais c’est très respectable par les temps qui courent. »
Reste à savoir si le plus grand joueur sur terre battue faisait tout ça pour les caméras. Fabrice Santoro balaye d’un revers de main. « J’ai eu la chance de voir d’autres moments en coulisses hors du champ des caméras, sans personne. Et il est gentil avec tout le monde. Il est vraiment incroyable. » Pour ça aussi, Rafa manquera.