Procès des viols de Mazan : « Sans mes co-accusés, je ne serais pas là », estime Dominique Pelicot à son ultime audition
Une brève déclaration spontanée d’une poignée de minutes à l’adresse de ses enfants entrecoupés de sanglots et des protestations de sa fille Caroline, et deux heures de questions des avocats de ses co-accusés. Pour son ultime audition, qui se poursuivra demain matin, Dominique Pelicot, jugé pour avoir drogué sa femme et la laisser être violée par des dizaines de personnes recrutées sur Internet, n’aura rien révélé de plus que lors de ces trois derniers mois du procès dit des viols de Mazan.
Pour les avocats de ses cinquante co-accusées, « Monsieur Pelicot cherche à diluer sa responsabilité ». Ils suggèrent ainsi que Dominique les a volontairement fait plonger, en indiquant aux enquêteurs, un mois après sa première arrestation, où trouver son disque dur sur lequel il avait conservé les vidéos des sévices mais effacé le contenu d’un dossier intitulé « ma fille à poil » et des vidéos tournées seul avec son ex-femme. « Ultime perversion » ou volonté « d’avoir encore le pouvoir de ce qui va arriver aux uns et autres dans cette histoire », pour ces avocats.
« Je suis autant, si ce n’est plus responsable qu’eux (les co-accusés) puisqu’on me désigne comme le chef d’orchestre. Et que sans moi, ils ne seraient pas là, et sans eux, je ne serais pas là », a lancé Dominique Pelicot, ainsi questionné au sujet de « sa part de responsabilité ».
Un parcours criminel commencé vingt ans plus tôt ?
« Mais si vous voulez un pourcentage, je dirai 70 % ou 60 % moi et 40 % eux », estime celui qui a également reconnu une tentative de viol commise en 1999 à Paris, et qui n’est pas encore jugé. Car sur le volet parisien de « l’affaire Pelicot », l’instruction se poursuit alors que la justice le suspecte également d’un meurtre suivi d’un viol survenu en 1991 et qui présente des similitudes troublantes avec ses aveux pour 1999, confondu par son ADN après avoir nié dans un premier temps.
Et de ses affaires parisiennes sur lesquels Dominique Pelicot refuse de s’exprimer dans cette audience, il en a pourtant beaucoup été question par des avocats qui s’attachent à montrer le principal accusé comme un prédateur sexuel au parcours criminel qui n’a pas débuté en 2013, date des premières vidéos à Mazan, mais vingt ans plus tôt.
« Ce que j’ai fait est dégueulasse »
« N’est-ce pas l’incident de 1999 qui vous a donné envie de réorienter votre série criminelle ? », interroge une des robes noires. Elle évoque ensuite les dispositions que n’a pas prises Dominique Pelicot pour éviter à ses complices de plonger avec lui : « Une ultime perversion, celle de vous faire entrer dans l’histoire criminelle et pas que de ces vingt dernières années. » « Il y a même un avocat qui m’a demandé si je ne me prenais pas pour une star. Ce que j’ai fait est dégueulasse, je ne m’en félicite jamais », s’est défendu Dominique Pelicot qui conclut : « Alors j’aurai fait tout ça pour un titre. Jamais de la vie. »
Car finalement, et comme dès l’ouverture du procès, la défense de nombreux co-accusés vise à les présenter comme des victimes d’un pervers-manipilateur qui pensaient participer à un jeu libertin et qui auraient été également drogué par Dominique Pelicot. Lui l’a toujours soutenu : ils savaient tous ce qu’ils faisaient.$
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« Mais alors, lorsque 35 accusés, sans s’être concertés, livrent tous la même histoire en garde en vue. Pourquoi ? Comment ? », questionne une avocate. « Peut-être, est-ce le premier réflexe pour sauver sa peau », suggère Dominique Pelicot, épuisé après plus deux heures d’interrogatoire qui pousse le président à suspendre l’audience. Il sera encore interrogé mercredi matin avant les plaidoiries.