Affaire Palmade : « Je suis obsédé par le bébé qui est mort »… L’humoriste jugé après son dramatique accident de voiture
Ce mercredi, il y aura probablement un parterre de journalistes pour entendre Pierre Palmade. Des photographes, également, qu’on imagine déjà postés aux abords de la salle. Mais pas celle d’un de ces théâtres que le comédien écume depuis trente ans. Près de deux ans après le dramatique accident de la route qu’il a causé alors qu’il conduisait sous l’emprise de diverses drogues, Pierre Palmade comparaît devant le tribunal correctionnel de Melun, en Seine-et-Marne. Initialement mis en examen pour « homicide involontaire » après la mort in utero d’un bébé, il est finalement jugé pour « blessures involontaires aggravées ». Déjà condamné pour usage et acquisition de stupéfiants, Pierre Palmade encourt quatorze ans de prison.
Ce vendredi 10 février 2023, il est un peu plus de 19 heures lorsque l’humoriste, au volant de sa Peugeot 3008, dévie de sa trajectoire, se déportant sur la voie de gauche. Quelques instants plus tard, son véhicule percute de plein fouet une Twingo qui circulait sur cette départementale en sens inverse. Le choc est d’une violence inouïe.
Le conducteur, alors âgé de 38 ans, est très grièvement blessé. Il passera plus de cinq mois à l’hôpital, enchaînant les interventions chirurgicales. La passagère – sa belle-sœur – est enceinte de six mois. Le bébé ne résistera pas à la violence de la collision. A l’arrière, le petit garçon du conducteur, âgé de 6 ans, est également très gravement blessé. Il souffre d’un « traumatisme crânien et facial très grave », note le rapport d’expertise. « J’ai bousillé la vie d’une famille, je m’endors et je me lève avec ça », reconnaît sans détour Pierre Palmade devant le juge d’instruction lors de son premier interrogatoire.
Cocaïne et 3-MMC
Le comédien, dont le pronostic vital a également été brièvement engagé, est contrôlé positif à la cocaïne. Il a également consommé de la 3-MMC, une drogue surpuissante dont l’un des effets est de stimuler la libido. Pierre Palmade reconnaît qu’il vient de passer 48 heures dans sa maison de campagne – à quelques kilomètres du lieu de l’accident – avec deux amis pour s’adonner à du chemsex, des relations sexuelles sous stupéfiants. Ses deux partenaires, qui se trouvaient dans la voiture, ont pris la fuite dans la forêt quelques minutes après l’accident. Interpellés quelques jours plus tard, ils n’ont finalement pas été mis en cause dans ce dossier.
Placé durant plusieurs semaines en détention provisoire à l’hôpital, l’acteur ne cherche pas à se dédouaner. « Je suis dangereux à cause de la drogue, je suis un chic type, je suis quelqu’un de bien », précise-t-il au magistrat. Il jure que d’ordinaire, il ne conduit pas sous l’emprise de stupéfiants, lui qui a perdu son père à 8 ans dans un accident de voiture. « Je suis complètement catastrophé d’avoir mis en danger la vie de la famille que j’ai percutée, je suis obsédé par ça, le bébé qui est mort », assure Pierre Palmade. Contactée, son avocate, Me Céline Lasek, a souhaité réserver ses réponses pour le tribunal.
Homicide involontaire et mort in utero
Si le scénario du drame a rapidement été établi, cet enfant à naître a été au cœur des investigations. Car derrière les drames humains se cachent souvent des questions de droit. Le décès d’un fœtus, aussi dramatique soit-il, ne peut être considéré comme un homicide. Même si celui-ci était viable au moment du décès, même si le terme était proche. Toute la question était donc de savoir si cette petite fille était vivante en sortant du ventre de sa mère – même dans un état déjà critique – ou morte in utero.
Le soir du drame, une césarienne en urgence a été pratiquée sur la victime enceinte de six mois. Le fœtus pesait un peu plus d’un kilo. Aux yeux des experts, il ne fait aucun doute que le nourrisson était viable et que son décès est la conséquence directe de l’accident. Toutefois, l’enfant « est en état de mort constituée à la naissance et ne présente aucun soigne clinique ou paraclinique de vie autonome au cours des 32 minutes que dure sa réanimation », note le rapport d’expertise. Raison pour laquelle Pierre Palmade n’est pas jugé pour son homicide, au grand dam des parties civiles.