Assemblée nationale : Le RN a de plus en plus envie d’appuyer sur le bouton censure du gouvernement Barnier
Le Rassemblement national semble de plus en plus vouloir déclencher le compte à rebours vers la fin du gouvernement Barnier. Poussé par sa base, le parti examine sérieusement l’hypothèse d’une censure, au risque d’apparaître comme responsable d’une crise politique qui ne pourrait être purgée par une nouvelle dissolution avant l’été.
Le Premier ministre, qui convie tour à tour les présidents de groupe la semaine prochaine à Matignon, va recevoir pour la première fois depuis sa nomination Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN. Mais cela suffira-t-il à empêcher le parti d’appuyer sur le bouton ?
Bardella très critique
« La décision de la censure n’est pas prise », mais « le gouvernement en prend la voie », a en tout cas estimé lundi soir sur BFMTV Jordan Bardella. Et le président du RN de poursuivre : « les Français ont des préoccupations quotidiennes, la sécurité, le contrôle de l’immigration, le pouvoir d’achat, l’activité économique. Si sur ces grands sujets le Premier ministre […] n’est pas capable de fixer un cap […] alors quel est l’intérêt de ce gouvernement ? »
Et l’épée de Damoclès est bien lourde. Il suffirait en effet que les 126 députés lepénistes soutiennent une motion déposée par la gauche pour faire tomber le Premier ministre.
Ce scénario apparaissait pourtant encore baroque il y a quelques semaines. Face à une Assemblée nationale éclatée sans majorité, Emmanuel Macron s’était assuré cet été que Marine Le Pen et les siens ne censureraient pas a priori Michel Barnier, une faveur qu’elle avait consentie. Les débats autour du budget ont depuis refroidi les ardeurs. « On nous avait dit : « On va construire ensemble » […] je ne sais pas avec qui (Michel Barnier) a parlé, mais en tout cas pas avec moi », grinçait ainsi la semaine dernière Marine Le Pen.
Une censure avant Noël ?
Le recours « probable » au 49.3 annoncé ce week-end par Michel Barnier, qui permettrait au gouvernement de faire passer sa version du texte sans retenir des amendements, dont ceux du RN pourtant votés dans l’hémicycle, a d’autant plus agacé. « Est-ce qu’ils vont réimposer leurs 6 milliards de taxes sur l’électricité ? Est-ce qu’ils vont baisser la facture de carburant ? C’est ça, moi, qui m’intéresse », a prévenu Marine Le Pen. Quitte à agiter la menace : « Ceux qui sont confiants ne devraient pas l’être tant que ça ».
Plusieurs proches de Marine Le Pen, le député Jean-Philippe Tanguy en tête, plaident donc pour une censure avant Noël. Demeure un risque politique. Un député RN dit par exemple ne pas vouloir endosser la responsabilité d’une crise institutionnelle. « Ce serait quel autre Premier ministre ? Pour faire quoi de différent ? », interroge celui pour qui « Barnier est le moins pire ».
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L’hypothèse est néanmoins prise au sérieux au gouvernement. Sa porte-parole Maud Bregeon a appelé les socialistes à « ne pas être dans une logique de censure automatique », ce qui permettrait « mathématiquement » que le RN n’ait plus le pouvoir de faire et défaire les rois.