Tunisie

Tunisie : le chercheur français Victor Dupont libéré sur ordre de la justice militaire après quatre semaines de détention

Victor Dupont, doctorant à l’université Aix-Marseille détenu en Tunisie depuis le 19 octobre, a regagné la France vendredi 15 novembre, trois jours après avoir été libéré de prison sur ordre de la justice militaire tunisienne. Le motif de son arrestation n’a jusqu’ici pas été officiellement communiqué.

« Cette libération est un immense soulagement pour ses proches et l’ensemble de ses collègues, qui sont encore sous le coup de l’émotion », a réagi Vincent Geisser, directeur de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam), rattaché à l’université Aix-Marseille et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Plus tôt dans la semaine, une de ses amies, une franco-tunisienne, qui avait été arrêtée peu après lui, a également été libérée et a pu rejoindre la France, où elle vit.

La détention du chercheur, âgé de 27 ans, par la justice militaire a déclenché une forte mobilisation de la communauté scientifique des deux pays. Un comité de soutien a été créé, aussitôt après leur arrestation, afin de demander « leur libération immédiate » auprès des autorités tunisiennes et françaises. Le Quai d’Orsay avait sobrement assuré « suivre de près la situation » et être « en contact étroit avec les autorités tunisiennes à ce sujet ».

« Une diplomatie de terrain efficace »

Depuis, le mot d’ordre est resté celui de la discrétion, malgré une « mobilisation diplomatique » saluée par les proches et collègues du chercheur. « La diplomatie française a travaillé réellement sans donner des leçons. Il s’agit d’une diplomatie de terrain plus efficace que ce qu’on a connu du temps de la dictature de Ben Ali [1987-2011] », se félicite M. Geisser.

« Malgré les demandes de discrétion, il nous semblait important de rappeler que Victor Dupont était en Tunisie dans le cadre de ses recherches scientifiques et de couper court aux thèses selon lesquelles il n’était pas réellement étudiant, ajoute le directeur de l’Iremam. Il s’agissait pour nous de défendre la liberté académique, que ce soit pour nos collègues français en Tunisie ou tunisiens en France, c’est la même chose ».

Samedi 19 octobre, le jeune homme, arrivé une dizaine de jours plus tôt dans le pays pour y mener des entretiens dans le cadre de ses travaux sociologiques sur les trajectoires de participants à la révolution tunisienne de 2011, souhaitait profiter du beau temps pour s’échapper un week-end de Tunis, avec trois amis en visite dans le pays. Doctorant à l’Iremam, rattaché à l’université d’Aix-Marseille et au CNRS, Victor Dupont est familier de la Tunisie pour y avoir suivi pendant une année des cours de langue arabe.

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