À quoi va servir cette chaise avec ses cornes que lance un célèbre fabricant de machines à laver ?
Vous avez tout faux ! Cette chaise ne s’est pas échappée du dernier salon Maison et Objet, mais se trouve en bonne place dans le showroom d’un célèbre fabricant de machines à laver et d’appareils électroménagers, Whirlpool. La marque du groupe Beko l’a baptisée Wash Less. En français, « laver moins ». Derrière ce nom paradoxal pour un constructeur dont le but reste forcément de vendre des lave-linge, que cache cette assise ? 20 Minutes y a posé son séant et vous dévoile ses fonctions cachées.
Démarche plus durable
Vous connaissez Fabio Novembre ? Cet artiste fait partie de la génération des designers italiens en vogue qui, à chacune de ses créations, infuse un petit grain de folie (comme pour ses fauteuils Him & Her en 2008). C’est à l’imagination féconde de Novembre que Whirlpool a choisi de confier une drôle de mission : le Wash Less Project.
Pour le fabricant d’appareils électroménager et notamment de lave-linge, l’idée est ici « d’engager le consommateur vers une démarche plus durable dans l’entretien de son linge ». En gros : de l’inviter à ne laver ses affaires que lorsque cela est vraiment nécessaire, en les réservant sur une chaise dédiée. Et tout cela est parti d‘un constat.
3,2 vêtements en attente par chaise
Au quotidien, nous sommes nombreux, en effet, à entasser quotidiennement sur une chaise ou un tabouret installés dans une chambre ou une salle de bains, des vêtements déjà portés, que l’on ne considère pas comme véritablement sales, et que l’on compte remettre. Il y en aurait même 3,2 par assise, selon un sondage* réalisé par Whirlpool. À 55 %, il s’agit de T-shirts, mais aussi de jeans (66 %) et de sweat-shirts (44 %).
D’où la chaise Wash Less, intrigante mais fort belle au demeurant, dont les excroissances s’inspirent des bois de cerf. Fabriquée par Natuzzi (acteur majeur dans l’ameublement italien), son assise est recouverte de tissu Ecoplen, une matière autonettoyante brevetée, fabriquée à base de plastiques recyclés, qui neutralise les bactéries. Dont celles du Covid-19, qui à son contact n’auraient une espérance de vie que de deux heures. La structure sculpturale de Wash Less est en acier verni floqué. On peut évidemment s’y asseoir (elle est d’ailleurs très confortable), mais aussi l’utiliser comme valet et y accrocher des vêtements en attente d’être reportés.
Un objet design comme un symbole
« Cette chaise confronte l’utilisateur à ses usages, alors que 55 % des personnes gardent effectivement du linge déjà porté sur un meuble. On veut en faire un symbole », justifie Anthony Bosc, directeur marketing du groupe Beko en Europe. L’idée est louable, en effet, avec un designer dont l’audace s’impose comme un manifeste.
Selon Whirlpool, nous serions 55 % à conserver du linge déjà porté sur un meuble (62 % dans la chambre), et 65 % à, prévoir de le reporter. « Cette fameuse chaise, qui est débarrassée de ses vêtements tous les deux jours en moyenne, est assumée, mais ne se partage pas », sourit Anthony Bosc. Amusant également : chez 51 % des Français, l’assise est vidée de ses vêtements lorsqu’il y a des visiteurs à la maison…
Sommes-nous prêts pour autant à troquer notre vieille chaise ou s’entasse le linge que l’on compte reporter contre la chaise Wash Less de Whirlpool ?
Pour le prix de deux lave-linge
Car cette incitation à adopter de nouveaux comportements pour une maison plus vertueuse a évidemment un prix : 1.499 euros ! L’équivalent de deux beaux lave-linge Whirlpool ! Mais aussi l’équivalent d’une chaise de designer. Inutile de la chercher chez Darty ou Boulanger au rayon Entretien du linge, elle n’est vendue que sur le site de Whirlpool.
Whirlpool dont on se demande si cette opération ne s’apparenterait pas à du greenwashing. Réponse du fabricant à 20 Minutes : « On ne peut pas réaliser ce type d’opération sans être soi-même engagé. Notre première responsabilité, c’est la conception de nos équipements. Mais 90 % de l’impact de nos produits vient de leur usage ». Message non subliminal : que chacun prenne sa part !
24 % des Français mettraient leur linge porté directement dans le bac de linge sale, sans se demander si ces vêtements peuvent être reportés. Un phénomène particulièrement notable chez les ados, selon Whirlpool. En Europe, chaque famille effectue 220 lessives par an. L’équivalent de 10.120 litres d’eau.
* Sondage Ipsos, réalisé auprès de 1.500 personnes.
