Nombre de partenaires en hausse, pratiques plus osées… Ce qui change dans la sexualité des Français
Partenaires plus nombreux, pratiques davantage variées, rapports moins fréquents… La sexualité des Françaises et Français a connu des « changements majeurs » en dix ans, selon une vaste enquête* menée par l’Inserm et l’ANRS publiée ce mercredi. Fruit de cinq années de travail, cette enquête scientifique est la quatrième depuis 1970 à étudier la vie affective et sexuelle en France. Que retenir ? On vous en a fait un petit résumé.
Une perte de virginité plus tardive
Si on faisait l’amour plus tôt dans les années 2000 par rapport aux années 1960 (passant d’un premier rapport sexuel à 20,1 ans en moyenne contre 17,3 ans pour les femmes, et de 18,8 à 17,3 ans pour les hommes), la situation est désormais inversée. Selon l’Inserm, le premier rapport sexuel d’une femme a aujourd’hui lieu à 18,2 ans et 17,7 ans pour un homme.
Des rapports sexuels moins fréquents
On le dit depuis déjà un moment mais les chiffres le confirment : les Français font moins l’amour. En 1992, 86,4 % des femmes âgées de 18 à 69 ans avaient eu des rapports sexuels au cours de l’année écoulée. Elles ne sont plus que 77,2 % en 2023. Chez les hommes, on passe de 92,1 % en 1992 à 81,6 % en 2023.
Davantage de partenaires sexuels
Si les Français font moins l’amour et entrent plus tard dans la sexualité, ils ont en revanche davantage de partenaires sexuels que leurs aînés. En 2023, les femmes ont au cours de leur vie 7,9 partenaires sexuels en moyenne. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport à 1992 (3,4 en 1992 et 4,5 en 2006). Les hommes, eux, ont toujours de partenaires sexuels que leurs homologues féminines. Si les chiffres sont restés stables entre 1992 et 2006 (11,2 et 11,9 respectivement), ils ont ensuite augmenté, atteignant 16,4 partenaires en moyenne en 2023.
Des rapports plus variés
Qu’il s’agisse de masturbation, de fellation, de cunnilingus ou de sodomie, de plus en plus d’hommes et de femmes déclarent avoir expérimenté d’autres pratiques sexuelles que des rapports vaginaux. Si seulement 63,2 % des femmes déclaraient avoir déjà donné une fellation en 1992, elles sont désormais 84,4 % en 2023. Côté hommes, 75,3 % déclaraient en avoir déjà reçu une en 1992, contre 90,5 % en 2023. Des tendances similaires sont observées concernant le cunnilingus, passant chez les femmes de 72,1 % en 1992 à 86,9 % en 2023 et chez les hommes de 77,8 % à 87,7 %.
La pratique de la pénétration anale a également augmenté, passant de 23,4 % en 1992 à 38,9 % en 2023 chez les femmes. L’augmentation est plus marquée chez les hommes passant de 29,6 % à 57,4 %. Enfin, côté masturbation, 72,9 % des femmes de 18 à 69 ans déclaraient s’être déjà masturbées en 2023 (contre 42,4 % en 1992 et 56,5 % en 2006). Chez les hommes du même âge, cette pratique est intégrée au répertoire sexuel de longue date (82,8 % en 1992 à 92,6 % en 2023).
Plus de relations homosexuelles
L’attirance pour une personne de même sexe est plus souvent déclarée aujourd’hui que dans les enquêtes précédentes. En 2023, 13,4 % des femmes et 7,6 % des hommes de 18-89 ans déclarent avoir été attirés par des personnes de même sexe au cours de leur vie et, 1,5 % des femmes et 0,6 % des hommes par des personnes indépendamment de leur genre. Ces constats sont plus marqués chez les jeunes de 18-29 ans qui sont 32,3 % pour les femmes et 13,8 % pour les hommes à rapporter une attirance pour des personnes de même sexe et respectivement 4,3 % et 1,7 % à rapporter une attirance pour des personnes indépendamment de leur genre.
Un constat que l’on retrouve également dans les relations sexuelles. En 2023, 8,8 % des femmes et 8,9 % des hommes âgés de 18 à 89 ans déclarent avoir eu au moins un partenaire du même sexe au cours de leur vie. Ces expériences sont encore plus fréquentes chez les 18-29 ans, avec 14,8 % de femmes concernées et 9,3 % chez les hommes.
Une sexualité aussi en ligne
L’enquête de l’Inserm montre que 33 % des femmes et 46,6 % des hommes ont déjà eu une « expérience sexuelle en ligne » avec une autre personne. Il peut s’agir d’une simple connexion à un site de rencontres jusqu’à des échanges d’images ou de vidéos intimes. Ce chiffre est d’autant plus élevé chez les jeunes et les minorités sexuelles.
L’utilisation de contraceptifs en baisse
L’utilisation de contraceptifs lors du premier rapport sexuel a diminué depuis 1992. Seules 87,2 % des femmes et 92,3 % des hommes qui ont commencé à avoir des rapports sexuels entre 2019 et 2023 ont utilisé une contraception. Même tendance concernant l’usage du préservatif lors du premier rapport (75,2 % chez les femmes et 84,5 % chez les hommes).
Une hausse des rapports forcés
Entre 2006 et 2023, les déclarations de violences sexuelles ont sensiblement augmenté : en 2006, 15,9 % des femmes de 18-69 ans déclaraient avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé, un chiffre qui a quasiment doublé pour atteindre 29,8 % en 2023.