Cryptomonnaies : « L’élection de Trump n’était que l’étincelle », estime Louis-Alexandre de Froissard
Avec un bitcoin à plus de 85.000 dollars l’unité alors qu’il en valait 40.000 en janvier, le secteur des cryptomonnaies ne cache pas son bonheur en ce mois de novembre. Jusqu’où peut aller cette hausse des cours ? L’élection de Trump est-elle l’unique justification de cette flambée ? Louis-Alexandre de Froissard, conseiller en gestion de patrimoine et président-fondateur de Montaigne Capital, nous aide à décrypter les cours :
Cette hausse des cours, c’est la fin d’un long hiver crypto…
On ressent un certain soulagement, oui. Nous avons pris des coups en 2022 quand on nous assurait que les cours allaient partir à la cave. Nous nous avons plutôt acquis des cryptos à ce moment-là et nous avons conseillé à nos clients de faire de même.
Vous n’avez donc pas été surpris par ce revirement ?
Non, c’est plutôt la confirmation de ce qu’on avait vu ces derniers mois. Pendant la baisse des cours et malgré un marché qui a énormément saigné, l’industrie a continué à construire. L’intérêt est passé du public aux institutionnels, avec l’arrivée des ETF (un outil financier qui permet de profiter des évolutions du bitcoin sans placer directement son argent dans la devise numérique). Cette hausse, c’est la traduction de ce mouvement.
Ce n’est pas simplement les conséquences de l’élection de Trump ?
Il faut toujours une étincelle. En fait, vous ne savez jamais quelle est l’étincelle qui fera démarrer le marché. Bitcoin est corrélé au cash, aux dépôts bancaires et aux crédits à court terme. A partir du moment où on sent qu’il va y avoir un relâchement des taux d’intérêt, on sait qu’il va y avoir ce type de mouvement. Mais bien sûr l’élection a eu un impact. Pendant la campagne, une étude [de mai 2024] sur les Swing States a montré que beaucoup d’électeurs là-bas avaient de la crypto. Biden a levé le pied sur la régulation et Trump, lui, y est allé façon panzer, promettant carrément de déréguler. Si on a moins de pression régulatrice sur le secteur, on le booste. Ce type de raisonnement, c’est clairement celui des institutions, pas celui du public.
Et pourquoi les autres cryptomonnaies, comme l’ether, profitent aussi du mouvement ?
Il avait pris une claque. Il était à 4.000 dollars il n’y a pas si longtemps. Toutes les alt-coins (les crypto hors bitcoin) ont pris une claque d’ailleurs. Donc c’est un peu normal qu’elles reprennent de la vigueur. C’est une forme de rétablissement.
On voit que les meme coins, des crypto basées sur des meme Internet, comme le dogecoin ou le pepe sont également dans le vert. Ce ne sont pas les institutionnels qui les poussent ?
Non. Ca fait partie de la gamification de la finance. Vous avez des gens qui sont à l’affût de ces tendances-là. C’est une manière de jouer avec des valeurs avec tous les risques que cela comporte.
A quoi s’attendre pour la suite ?
Quand je fais des projections à court terme, je suis sûr de me tromper. A moyen terme, en revanche, je suis très optimiste. Ce qui m’importe c’est de me positionner sur le cycle qui vient où Bitcoin sera un moyen d’échange international. On va avoir des Etats, des fonds de pension qui vont l’adopter comme réserve de valeur, ça changera complètement la donne.