Belgique

Grogne du monde agricole: des tracteurs reviennent mercredi à Bruxelles pour protester contre un accord UE-Mercosur

Plusieurs dizaines de tracteurs d’agriculteurs issus de syndicats défendant « une agriculture durable » sont annoncés mercredi dès 11h00 dans le quartier européen, à Bruxelles. Ils protestent contre une possible signature prochaine de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie), très controversé dans son volet agricole.

Mobilisation de la FUGEA contre le Mercosur, suivie d'une rencontre avec Charles Michel et une délégation de la FUGEA - Boerenprotest met tractoren van Waalse landbouworganisatie Fugea tegen het vrijhandelsakkoord van de Europese Unie met de Mercosur - La FUGEA sera présente en tracteurs à Bruxelles pour demander au gouvernement belge de ne pas signer l'accord lors du Conseil de l'Union européenne, ou à minima d'imposer une exception agricole. Par la suite, la FUGEA prolongera cette démarche auprès des parlementaires européens - Er is ook een ontmoeting gepland met premier in lopende zaken Charles Michel. De landbouwers voelen zich in de steek gelaten door Michel. Fugea verzet zich tegen het handelsakkoord en eist dat het afgekeurd wordt door de Europese Raad, waarvan Michel de voorzitter wordt.
Mobilisation de la FUGEA contre le Mercosur, suivie d’une rencontre avec Charles Michel et une délégation de la FUGEA, le 7 novembre 2024. ©Christophe Licoppe

Partisan de cet accord, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez avait cité le sommet du G20, ces 18 et 19 novembre à Rio de Janeiro, et le sommet du Mercosur, du 5 au 7 décembre, comme « dates clés » pour une signature. En France, où l’opposition au Mercosur se focalise comme en Wallonie sur le volet agricole de l’accord, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard s’est dite, ce dimanche, convaincue que l’accord ne serait pas signé au sommet du G20.

Paris tente de constituer une minorité de blocage au Conseil de l’UE, où siègent les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept. Pour y parvenir, la France a besoin d’au moins trois pays qui représentent 35% de la population européenne. « Pour le moment l’Autriche, les Pays-Bas et l’Irlande semblent vouloir travailler avec les Français pour empêcher la signature de l’accord. Il faut que la Belgique rejoigne ce groupe », exhortait récemment encore l’eurodéputé MR Benoît Cassart (Renew Europe).

La Belgique n’a pas pris position. En Wallonie, tous les partis ont annoncé leur opposition à l’accord « en l’état », et la nécessité d’inclure des clauses-miroirs, afin d’instaurer des normes de production aussi élevées que dans l’UE. PS, Ecolo et PTB (opposition) veulent certes aller plus loin que la majorité MR et Engagés dans les balises à fixer, mais tous dénoncent une concurrence déloyale avec les produits du Mercosur. En cause, selon les accents divers mis par les partis, le non-respect des normes environnementales européennes (utilisation de pesticides et de produits chimiques interdits en Europe), des normes sociales, ou des droits humains. Mais la possibilité que la Belgique évite l’abstention au Conseil est faible, vu le soutien de la N-VA aux accords de libre-échange, outils de prospérité du port d’Anvers.

Les opposants au traité craignent aussi que la Commission européenne « scinde » l’accord et contourne de cette manière la ratification par les parlements nationaux. Ils dénoncent en outre une manœuvre de la Commission « pour acheter le silence des agriculteurs », à travers un ‘fond de compensation’ pour les agriculteurs. « Ces derniers, par l’intermédiaire de leurs représentants (Copa-Cogeca, FNSEA, Fugéa…), ne sont pas dupes et ont indiqué qu’ils ne se satisferont pas d’un tel fond qui ne règlera pas les problèmes de concurrence déloyale », rappelle l’eurodéputée Saskia Bricmont (Ecolo, Verts/ALE).