Intransigeante, la ministre de l’enseignement flamand Zuhal Demir (N-VA) prend une décision plutôt mal accueillie
Le 30 juin, dernier jour de l’école en Flandre, tombe un lundi en 2025. Jusqu’à présent, quand cela arrivait, le ministre décidait d’en faire un congé. Mais pas Zuhal Demir, la nouvelle ministre de l’Enseignement flamande. Le débat sur les rythmes scolaires s’en trouve du coup relancé. Une chronique signée Vincent Rocour.
- Publié le 10-11-2024 à 08h04
Cela n’arrive pas souvent. Mais cela arrive. En Flandre, l’année scolaire en cours se terminera un lundi. Le calendrier officiel dispose en effet que l’année scolaire commence le 1er septembre et se termine le 30 juin. Or, en 2025, le 30 juin, c’est un lundi.
Lorsque cette situation s’est présentée par le passé, un consensus se dégageait rapidement pour laisser tomber ce jour d’école flottant, consacré au mieux à la remise des bulletins, aux rencontres avec les professeurs et au retour des livres empruntés – en tout cas jamais à l’apprentissage de matières nouvelles. La dernière fois que c’était arrivé, Pascal Smet, alors ministre flamand de l’Enseignement, avait retiré le 30 juin du calendrier officiel. C’était en 2014.
Mais la nouvelle ministre de l’Enseignement, Zuhal Demir, a choisi de maintenir le lundi 30 juin 2025 à l’agenda de l’enseignement obligatoire en Flandre. Celle qui est parfois surnommée la dame de fer de la N-VA l’a annoncé aux directions d’école cette semaine. Elle estime qu’à une époque où le niveau des élèves a tendance à baisser et où le manque de professeurs vient perturber le bon déroulement des cours, « chaque jour de classe est nécessaire« . Et d’en faire une valeur symbole. « Arrêter l’année scolaire un jour plus tôt, c’est donner un mauvais signal.«
L’absentéisme de luxe
Cette décision a été plutôt mal accueillie. Par expérience, les directions d’école savent qu’elles seront immanquablement confrontées à ce qu’on appelle en Flandre l’absentéisme de luxe (« luxeverzuim« ). De nombreuses familles ont déjà projeté de partir en vacances dès le samedi 28 juin. Le prix des locations peut être jusqu’à 10 % inférieur à celui de la semaine qui suit. De même, de nombreux mouvements de jeunesse flamands ont commencé à chercher un endroit de camp pour la première semaine de juillet durant laquelle les jeunes francophones sont toujours à l’école et ne leur font donc pas concurrence.
Beaucoup de jeunes ne se présenteront donc vraisemblablement pas devant leur professeur le lundi 30 juin, malgré les menaces de sanctions qui pèseront sur leur tête. Or les directions d’école profitent souvent du dernier jour de classe pour distribuer les bulletins et demander aux élèves les options qu’ils comptent choisir l’année suivante. « Nous pouvons ainsi faire une première projection sur la composition des classes à la rentrée« , a confié un directeur.
Cette levée de boucliers ne semble pas émouvoir la ministre nationaliste. Son cabinet fait remarquer que si certaines familles projettent de partir en vacances dès le samedi 28 juin, d’autres ne feront pas ce choix. Ces dernières devront dès lors trouver une solution pour la garde de leurs enfants si les écoles restent fermées le lundi 30 juin.
Un jour, c’est un jour
Zuhal Demir sait bien que plus aucun cours n’est donné le dernier jour des classes. Mais si la distribution des bulletins a lieu le 30 juin et non le vendredi 27, il y a un jour de plus pour des cours. Et c’est bien la priorité du nouveau gouvernement flamand. L’ampleur de la pénurie d’enseignants est telle que de nombreux cours ne sont plus donnés parce que les directions d’école ne parviennent pas à remplacer les professeurs malades durant leur absence. Zuhal Demir refuse d’ajouter à ces jours d’absence des jours de congé trop facilement accordés aux élèves. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement flamand s’apprête à supprimer les journées pédagogiques – les professeurs continueront à se former, mais en dehors des heures de cours.
Dans ce débat, qui a pris une certaine ampleur cette semaine en Flandre, des voix se sont élevées pour rappeler que la Fédération Wallonie-Bruxelles a définitivement réglé le sort à ces jours flottants. Désormais, les écoles francophones commencent toujours l’année scolaire par un lundi – le dernier lundi d’août – et la terminent toujours par un vendredi – le premier vendredi de juillet. Une disposition qui est à présent défendue par de nombreux pédagogues flamands et par GO !, le réseau d’enseignement public. « Travailler avec des semaines scolaires complètes donne aux élèves une routine et interrompt moins le processus d’apprentissage« , a ainsi déclaré le pédagogue Kristof De Witte (KU Leuven) au Standaard. Mais l’argument laissera probablement la ministre Zuhal Demir de marbre. La N-VA a écarté l’idée d’imiter le système francophone. Ce qui n’étonne qu’à moitié venant du parti nationaliste flamand.