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OM : Avec son rôle de conseiller institutionnel, enfin un costume taillé pour Fabrizio Ravanelli ?

Un tifo XXL et un costume taillé sur mesure pour lui. En se voyant confier le poste de conseiller institutionnel de l’Olympique de Marseille de Pablo Longoria, Fabrizio Ravanelli, l’ancien attaquant du club qui fêtera ses 56 ans dans moins d’un mois, semble enfin avoir trouvé le poste adéquat. Débarqué cet été dans cette fonction spécialement créée par le président, l’Italien savoure ce retour chez lui, « l’OM et ses supporters représentent assurément l’une des plus belles pages de ma carrière », expliquait-il début juillet.

Dans le cœur des supporteurs aussi, l’attaquant occupe une place importante. Elle semble même immense, à l’image du tifo réalisé par le virage nord du Vélodrome lors du dernier classique face au PSG (0-3), fin octobre. C’est son face-à-face avec Pierre Ducrocq, lors du classique de 1997 remporté par l’OM, lors duquel « la plume blanche », avait obtenu un penalty décrié pour offrir la victoire à l’OM, qui avait été choisi pour l’occasion. Un hommage immortalisé depuis le stade par Fabrizio Ravanelli, avant les remerciements sur les réseaux sociaux.

« Tu correspondais tellement à notre club »

Un choix évident pour tout ce qu’a pu représenter l’attaquant italien lors de son passage à l’OM, lui qui au-delà de ses 31 buts en 84 matchs, a surtout marqué le peuple marseillais pour son tempérament. La réponse de ce supporteur à son message sur le tifo, résume le souvenir laissé dans le cœur des Marseillais : « Fabrizio merci à toi ! Tu nous as régalés, tu avais tout ce qu’on attend d’un joueur qui vient porter notre maillot ! Tu correspondais tellement à notre club. Si seulement tous les joueurs actuels pouvaient avoir ta rage et ta mentalité ce serait parfait. Heureux que tu sois au club aujourd’hui dans tes nouvelles fonctions. »

La Ligue Europa pour apprendre à connaître la Piena Bianca

La rage qui le caractérisait sur le terrain s’est depuis transformée en sagesse, sans rien perdre de sa classe légendaire, ni de son franc-parler. Des qualités qui ont fini par convaincre Pablo Longoria de l’intégrer à la direction, au printemps dernier, lui qui ne le connaissait pourtant que très peu jusqu’alors. Contrairement à la majorité de sa garde rapprochée, Pablo Longoria n’avait jamais croisé Ravanelli de son temps à la Juventus, malgré cette attache commune.

C’est à Marseille, qu’il a finalement appris à connaître l’Italien, lui qui n’a jamais rechigné à honorer une invitation de son ancien club. Au travers de la campagne européenne de l’OM en Ligue Europa la saison dernière, Pablo Longoria s’est progressivement rapproché de la « Piena Bianca ». Il était de tous les déplacements de la phase finale, et notamment à Benfica où il avait œuvré, au même titre que Longoria, pour que les supporteurs puissent assister sur le gong à cette rencontre.

L’aura pour « construire le club au quotidien »

Depuis, les deux hommes échangent quotidiennement. « Il y avait la volonté de renforcer l’institution autour de valeurs communes. L’alignement s’est vite fait sur un rôle institutionnel, pour construire le club au quotidien », confie-t-on au sein de la direction olympienne.

Son aura auprès des supporteurs et l’image qu’il a laissée à Marseille sont autant d’atouts pour un Pablo Longoria parfois remis en question l’année dernière après les départs de Marcelino, et l’émergence de Stéphane Tessier, qui a depuis quitté le club. Tout comme sa franchise.

L’Italien était pourtant loin de s’imaginer enfiler un rôle institutionnel après avoir raccroché les crampons, lui qui se voyait plus comme technicien, à diriger une équipe. Ce qui fut le cas du côté d’Ajaccio, lors de la saison 2013/2014, pour un passage cataclysmique, malgré les bonnes intentions.

« C’était un coach très enthousiaste, toujours motivé, à fond dans sa fonction, se souvient son milieu de terrain de l’époque, Ricardo Faty. Dans sa manière d’animer les entraînements, il était très expressif sans vouloir le caricaturer. Il était aussi très tactile. Il est arrivé avec une grande motivation, un gros staff, je me suis dit que ça allait être un grand coach dans le futur »

Pourtant, Fabrizio Ravanelli ne restera que cinq petits mois dans le sud de la corse avec un bilan d’une victoire, quatre nuls et sept défaites. Et surtout l’impression qu’il n’a jamais su adapter ses ambitions à la situation. Sa préparation estivale lui a notamment été reprochée, au point de cramer pas mal de joueurs dont les nombreux trentenaires présents dans l’effectif. Si le jeune Benjamin André a appris la rigueur du travail à ses côtés à l’époque, le vieillissant Benoît Pedretti est lui resté sur le carreau pendant près de la moitié de la saison.

Des ambitions démesurées en tant que coach

« Ce n’était pas la bonne combinaison, estime aujourd’hui Ricardo Faty. Il arrivait avec des ambitions démesurées, c’est lui qui a mis en place la salle de muscu, fait investir le club dans des équipements, sur la nutrition. Il voulait l’amener dans une autre dimension mais ce n’était pas possible, Ajaccio est un club familial avec peu de moyens. Il m’avait même envoyé voir le docteur de l’Inter Milan pour que je revienne plus vite de blessure, moi j’appréciais cette rigueur que j’avais connue à l’AS Roma. »

Mais Ricardo Faty ne reviendra de blessure que juste après son éviction, et Ajaccio sera relégué. Et il faudra cinq ans, et la saison 2018 pour que Ravanelli ne retrouve un banc, dans le petit club ukrainien d’Arsenal Kiev pour un bilan sensiblement le même qu’à Ajaccio. « Ça m’a quand même étonné qu’un bon club ne lui donne pas sa chance pour travailler parce qu’il a toujours été très motivé », estime Ricardo Faty.

Sa chance sur un banc, Fabrizio Ravanelli l’avait déjà tentée auprès de l’OM en 2012, après le départ de Deschamps, sans succès. Puis près de 10 ans plus tard lorsqu’il candidate au poste de « head of football » auprès de Jacques-Henri Eyraud. Mais ce sera finalement un certain Pablo Longoria qui donnera suite à ses envies de revenir à Marseille, avant de décider de l’intégrer à son organigramme quelques années plus tard. Pour mieux lui succéder à terme ? C’est une idée qui ne paraît plus si incongrue.