Inde : Pour rendre hommage au dieu hindou du Soleil, des pèlerins se jettent dans des eaux toxiques
Quand la foi est plus forte que tout. Les fidèles hindous ont défié la loi et la pollution pour respecter le rituel immuable du hath Puja. Ils étaient quelques centaines à se jeter ce jeudi dans les eaux puantes, toxiques mais sacrées de la Yamuna, en lisière de la capitale New Delhi.
« Je suis convaincue que les eaux de la rivière sont pures et bénies par le dieu du Soleil lui-même », assure Krishnawati Devi avant d’aussitôt s’agenouiller dans le courant. « Ma foi en Dieu ne fléchit pas », ajoute cette mère de famille de 45 ans, parée de son sari le plus éclatant et de ses bijoux les plus rutilants. « Rien ne peut m’arriver, Dieu prendra soin de tout ».
L’illustration de la dégradation de l’environnement
Chaque novembre, les hindous rendent hommage au dieu du Soleil Surya par une série de célébrations qui culminent avec un bain dans la Yamuna. Dédié à la… nature, le culte du Chhath est devenu, au fil des ans et de la croissance débridée de la mégapole indienne, une illustration de l’inquiétante dégradation de son environnement.
Toute l’année, New Delhi et ses 30 millions d’habitants sont noyés sous un brouillard toxique de fumées industrielles, agricoles ou automobiles qui connaît son pic à l’approche de l’hiver. Cet affluent du Gange se nappe quant à lui d’une épaisse mousse blanche tout aussi nocive, une sorte de soupe chimique composée des engrais et des détergents qui y sont déversés sans retenue.
La municipalité a beau noyer cette écume sous des tonnes d’agents dispersants, rien n’y a fait. La rivière reste recouverte de sa croûte blanche. Cette année, la justice a aussi tenté de dissuader les baigneurs du Chhath. L’essentiel de la pollution – 80 % selon les études des autorités – provient des égouts qui aboutissent directement dans ce cours d’eau. En 2021, la concentration de l’eau en bactéries fécales mesurée sur un site était… 8.800 fois supérieure aux normes sanitaires.