Drogues dures: la prohibition fait-elle plus de mal que de bien?
Après Genève, le crack – une drogue issue de la cocaïne – s’étend également à d’autres villes suisses. Comment contrer cette consommation croissante et de quels soutiens les personnes dépendantes ont-elles besoin? Rejoignez la discussion proposée par l’équipe «dialogue».
En Suisse, la consommation de crack est en hausse. Des villes comme Zurich luttent contre les scènes de drogue ouvertes depuis l’année dernière et, en Suisse romande, la consommation a triplé depuis 2020.
«Dans le passé, c’étaient les opiacés, d’autres substances qui étaient consommées plus fréquemment, comme l’héroïne. Maintenant, c’est le crack. Les consommateurs sont hyperactifs, très stressés, excités. Malheureusement, nous assistons à des scènes d’agression et de violence, en particulier dans les lieux publics où les gens se réunissent pour consommer», explique José Di Stefano dans un article de RSILien externe.
Ce que dit ce responsable d’une structure de jour à Lugano – structure qui accueille chaque jour environ 40 personnes dépendantes et traite 140 autres personnes en ambulatoire – fait écho aux témoignages de consommateurs qui racontent leur désarroi face à cette substance. «On a la sensation de ne jamais en avoir assez et c’est ça le problème: les gens en veulent toujours, toujours, toujours, toujours…», explique Nils au micro de l’émission CQFD de la RTS.
Distribution contrôlée de cocaïne
Depuis un certain temps déjà, les experts encouragent la Suisse à repenser et adapter sa politique en matière de drogues. Cet été, la Commission fédérale pour les questions liées aux addictions et à la prévention des maladies non transmissibles (CFANT) a emboîté le pas. Elle appelle à des approches novatrices pour limiter l’offre et la visibilité du crack dans la sphère publique. «Les gens qui consomment du crack plusieurs fois par jour entrent dans un cercle vicieux d’approvisionnement et de consommation», explique Christian Schneider, vice-président de la CFANT.
Pour l’analyste stratégique de la police cantonale zurichoise, il faut des lieux supplémentaires et facilement accessibles (points de contact et lieux de retraite) pour ces toxicomanes qui dorment à peine, mangent, boivent et se négligent. Ou alors épuisés et dormant 24 heures sur 24.
Compte tenu de la distribution réussie de l’héroïne au cours des dernières décennies, la distribution contrôlée de cocaïne aux personnes gravement dépendantes est également à l’ordre du jour. Cependant, il n’y a pratiquement pas de recherches à ce sujet et les experts sont divisés.
Regarder le reportage de SRF sur les arguments pour et contre la distribution contrôlée de cocaïne :
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Adaptation de la politique en matière de drogue
La politique suisse en matière de drogue, qui vise à réduire la consommation de drogues et ses conséquences négatives pour les usagers et la société, repose sur quatre piliers: la prévention, la thérapie, la réduction des risques et la répression.
Un système qui doit être adapté selon Ruth Dreifuss, membre de la Commission mondiale sur la politique des drogues. Afin de résoudre les problèmes liés à la vente et à la consommation de crack, l’ancienne conseillère fédérale préconise de sortir les toxicomanes de leur situation par le biais d’approches d’accompagnement et d’émancipation.
Regarder l’interview de Ruth Dreifuss réalisée par la RTS :
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Les psychédéliques en thérapie
Alors que le crack et ses effets sur les toxicomanes et la société alimentent le débat sur la façon de gérer les drogues dures, une autre discussion tourne autour d’un autre groupe de drogues: les psychédéliques, comme l’explique un article de SWI.
En 2024, les psychédéliques sont légaux ou décriminalisés dans 23 pays. La Suisse a une longue histoire avec de telles drogues, puisque le LSD a été découvert à Bâle en 1938. Avec les États-Unis, le Canada et l’Australie, la Suisse est un leader mondial dans le domaine de la thérapie et de la recherche psychédéliques.
Depuis 2014, les patients de Suisse peuvent recevoir des psychédéliques en dernier recours dans le cadre d’un «usage compassionnel». Jusqu’à présent, cependant, les Hôpitaux universitaires de Genève sont le seul endroit du pays qui propose un traitement psychédélique sûr dans un cadre médical important.
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Appelé caillou ou galette, le crack est en fait de la cocaïne, un produit consommé depuis très longtemps.
La différence réside dans le fait que, pour produire cette variante hautement addictive, la cocaïne est mélangée à d’autres substances, comme de l’ammoniac ou du bicarbonate, ces produits ont pour effet de la solidifier.
La cocaïne ainsi transformée est vendue sous la forme d’une petite boule prête à être inhalée immédiatement, par la bouche, dans une pipe à crack après avoir été chauffée. C’est ainsi que l’effet est le plus fort et le plus rapide.
Consommée de cette manière, cette substance est beaucoup plus dangereuse que la cocaïne en poudre, habituellement sniffée par le nez.
Avec l’héroïne et la méthamphétamine, le crack est considéré comme la drogue qui présente le plus grand potentiel de dépendance psychologique.
Traduit de l’allemand par Didier Kottelat/cm