Maroc

Stabilité économique et force institutionnelle : La politique du Maroc concluante

Moody’s maintient la notation Ba1 du Maroc, tout en soulignant sa stabilité économique et sa force institutionnelle. Cette notation accompagnée par une perspective stable se veut un gage de confiance dans un contexte marqué par des défis.

La force institutionnelle du Maroc ainsi que sa position externe robuste ont permis au Royaume de préserver sa cote auprès de Moody’s Rating. L’agence de notation américaine a confirmé les notations Ba1 à long terme de l’émetteur et de la dette non garantie senior du gouvernement marocain tout en gardant la perspective «stable». « La perspective stable reflète notre attente que le gouvernement poursuivra les réformes économiques et sociales afin d’améliorer la résilience de l’économie face aux chocs tout en maintenant la stabilité du fardeau de la dette», relève-t-on de Moody’s. Et d’ajouter : «Nous prévoyons que le gouvernement continuera ses efforts de consolidation budgétaire face aux pressions des dépenses liées aux réformes de la sécurité sociale, à un vaste programme de projets d’infrastructures, ainsi qu’à une exposition continue aux chocs, y compris ceux liés au climat». La raison de la confirmation de la notation Ba1 est en effet justifiée par la capacité institutionnelles soutenant la résilience économique ainsi que par la stratégie budgétaire engagée qui selon Moody’s est en voie d’assurer une charge de la dette stable et de l’espace pour les dépenses prioritaires. En effet, le comité de notation a constaté que les fondamentaux économiques du Maroc y compris sa solidité économique n’ont pas changé de manière significative. Il en est de même pour les institutions et la solidité de la gouvernance de l’émetteur ainsi que sa solidité budgétaire ou financière y compris son profil de dette.

Des institutions solides et des politiques efficaces
En ce qui concerne la capacité institutionnelle, Moody’s estime que « le Maroc bénéficie d’institutions solides et d’une efficacité avérée des politiques, démontrant des capacités de gestion de crise robustes lors de chocs externes importants. Cette résilience met en évidence la robustesse de la gouvernance et du cadre institutionnel du pays ». Se référant à l’agence de notation, le Maroc a montré une capacité constante à adopter la législation nécessaire, contribuant à un environnement de gouvernance stable et efficace. « Les politiques monétaires et macroéconomiques du Maroc se caractérisent par la capacité de Bank Al-Maghrib (la Banque centrale) à maintenir la stabilité des prix, ce qui a renforcé la crédibilité de la politique monétaire. Cette stabilité est soutenue par une approche maîtrisée de la libéralisation du taux de change », explique Moody’s. Et de préciser que « la politique budgétaire du Maroc reflète un équilibre entre le maintien de la discipline budgétaire et la réponse aux pressions sociales et externes ». L’Agence rappelle dans ce sens les politiques macroéconomies mises en œuvre par le gouvernement ainsi que les réformes fiscales engagées en vue d’améliorer la santé, l’éducation et la protection sociale et ce tout en renforçant la collecte des recettes et la gouvernance dans le secteur public.

Une dette publique stable au cours des prochaines années
Pour ce qui est de la stratégie budgétaire, Moody’s table sur la stabilité de la dette publique autour de 65 % du PIB au cours des prochaines années à l’heure où le gouvernement continue d’équilibrer les objectifs de développement économique et social avec les efforts de consolidation budgétaire. « La stratégie budgétaire à moyen terme du gouvernement vise à permettre des dépenses plus élevées en matière de santé et de sécurité sociale, estimées à 2,3 % du PIB pour 2024, sans détériorer le solde budgétaire grâce à l’élimination progressive des subventions énergétiques et à l’augmentation des recettes », peut-on relever de Moody’s. Et de rappeler que « le gouvernement prévoit de s’engager dans des partenariats public-privé avec le secteur privé pour atténuer l’impact budgétaire des grands projets d’infrastructure liés à la Coupe du monde 2030, à la Coupe d’Afrique des Nations 2025, aux efforts de reconstruction post-séisme, et aux investissements liés au changement climatique ». S’agissant du déficit primaire du gouvernement, il devrait se stabiliser, selon Moody’s, autour de 2 % du PIB à moyen terme, en équilibrant un contexte macroéconomique favorable avec une croissance rebondissant à 4 %, face à des pressions évidentes sur les dépenses primaires, tant récurrentes que liées à des investissements à grande échelle.
« Cela conduira à une consolidation budgétaire plus progressive par rapport à l’objectif du gouvernement d’atteindre un déficit primaire de 0,6 % en 2026 », estime l’Agence de notation qui prévoit également une modeste diminution du déficit budgétaire soutenue par les coûts d’emprunt favorables du Maroc. L’écart devrait passer de 4,2 % du PIB en 2024 à 3,8 % d’ici 2026.

Des plafonds de notations inchangés
Se référant à Moody’s, les plafonds de notation du pays restent inchangés. Le plafond de la monnaie locale est resté à Baa1, trois crans au-dessus de la note souveraine, reflétant, selon l’agence de notation, des institutions prévisibles et un faible risque de vulnérabilité externe, équilibré par une forte empreinte du secteur public.
Le plafond en devise étrangère s’est pour sa part établi à Baa2, soit un cran en dessous du plafond de la monnaie locale, reflétant ainsi des risques de transfert et de convertibilité relativement modestes, malgré l’existence de contrôles des capitaux, et ce en cohérence avec un système de taux de change encore principalement fixe. D’après Moody’s, il prend en compte la politique graduelle de libéralisation du taux de change initiée en janvier 2018, et ce bien que ce processus se poursuive à un rythme lent.

C’est le titre de la boite

Perspective stable : Les explications de Moody’s
Décryptage. Selon Moody’s la perspective stable reflète des risques équilibrés autour de son scénario de référence, qui prévoit une approche progressive continue des réformes économiques et sociales et une charge de la dette publique stable. « Les risques à la baisse proviennent d’une matérialisation plus lente des implications positives de ces réformes, y compris un rythme plus lent ou même un abandon de la consolidation budgétaire face à d’éventuels chocs ou à des pressions accrues sur les dépenses », indique l’Agence. Dans un scénario plus positif, la notation du Maroc pourrait évoluer rapidement en tenant compte de l’accélération des réformes, d’une rapide consolidation budgétaire, d’un renversement de la tendance de la charge de la dette publique, ainsi qu’une accélération soutenue de la croissance économique.