Maroc

Energie verte : le Maroc se positionne…

Malgré la guerre psychologique menée contre le Maroc sur les réseaux sociaux notamment, le pays est aujourd’hui présenté comme l’une des puissances en devenir, notamment sur le plan des énergies. L’hydrogène vert est l’un des axes majeurs. Eclairages.

Le Maroc est courtisé de partout dans le domaine de l’énergie au point qu’il faudra probablement procéder à des choix délicats dans le futur proche. En attendant, le Royaume met en place une stratégie énergétique avec sa force tranquille. Le domaine de l’hydrogène vert présente aujourd’hui, un véritable cas d’école. Le Maroc, qui dispose d’un potentiel exceptionnel en matière d’énergies renouvelables, peut devenir un acteur majeur dans le domaine de l’hydrogène vert à l’échelle mondiale, a affirmé, mercredi, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali. «Le Maroc peut non seulement jouer un rôle de premier plan dans ce secteur, mais aussi être l’un des acteurs les plus compétitifs au niveau mondial», a relevé Mme Benali qui intervenait par vidéoconférence lors d’une conférence-débat initiée par la BritCham sous le thème «Hydrogène vert : Enjeux et perspectives pour le Maroc». Estimant que le développement de l’hydrogène vert constitue un levier essentiel pour la décarbonisation des économies, M. Benali a noté que le Royaume aspire à devenir un corridor stratégique pour le transit et la certification des molécules et électrons verts. «Aujourd’hui, le Maroc est définitivement un pays connecteur, l’un des cinq pays émergents à jouer un rôle clé dans le commerce mondial des molécules vertes», a fait savoir la responsable, citant les infrastructures portuaires et ferroviaires marocaines comme atouts majeurs dans cette ambition. Mme Benali a également mis en avant la nécessité de développer des industries du futur et d’investir dans les infrastructures énergétiques, notamment les réseaux électriques, le stockage d’énergie, et les pipelines pour le gaz et l’hydrogène. Ainsi, elle a insisté sur l’importance de la coordination entre les acteurs publics et privés, ainsi que sur la création d’un environnement favorable à l’innovation financière pour attirer des investissements, tant au niveau national qu’international.

Logistique
Dans cette nouvelle stratégie, la logistique est également un axe majeur. Dans ce sens, le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a affirmé il y a deux jours que la transition vers la décarbonisation des ports constitue à la fois un défi et une opportunité unique pour renforcer leur rôle en tant que hubs énergétiques et logistiques de premier plan. Il est clair que la transition vers des carburants à zéro carbone, tels que l’ammoniac, le e-méthanol ou d’autres alternatives, entraînera une reconfiguration de l’industrie maritime et par conséquent sur tous les systèmes logistiques mondiaux», a précisé M. Baraka lors de l’atelier national de clôture de l’étude de préfaisabilité concernant la production, le stockage, l’approvisionnement et l’exportation de carburants à zéro carbone aux ports du Maroc. «Pour le Maroc, dont les ports sont des plateformes stratégiques sur les routes maritimes mondiales, cette évolution présente à la fois des défis et des opportunités», a-t-il dit. Selon le ministre, le choix des carburants du futur affectera non seulement la manière dont les ports approvisionnent les navires, mais aussi le volume et la nature du trafic maritime qui transite par cette infrastructure. M. Baraka a souligné que les ports, avec l’évolution des routes maritimes et la création de nouveaux hubs d’approvisionnement, pourraient être appelés à jouer un rôle encore plus central, ou au contraire, à devoir adapter leur stratégie pour rester compétitifs dans ce nouvel environnement.
Rappelant que 96% du commerce extérieur se fait par voie maritime, le ministre a relevé que l’étude, objet de cet atelier, confirme que ce secteur peut jouer un rôle important dans la décarbonation du transport maritime en examinant les possibilités de réduction d’émissions de gaz à effet de serre provenant des navires et ce, à travers des alternatives propres, la fourniture d’électricité propre et l’optimisation de la gestion des escales des navires dans les ports.

Transport maritime
Pour sa part, la ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, a mis l’accent sur l’importance du transport maritime, relevant que le fret maritime constitue près de 70 % du commerce mondial. Elle a relevé que cette nouvelle impulsion à la décarbonation et au développement durable dans le secteur du port et du transport maritime constitue une occasion pour rappeler les contraintes en termes réglementaires et législatifs au niveau mondial. «Le Maroc a aujourd’hui son offre hydrogène sur laquelle nous sommes en train de travailler et qui va définir à un moment quel est le fuel de l’avenir pour le secteur maritime», a-t-elle dit, ajoutant qu’il est surtout primordial de préparer les ports et le fret maritime qui transite par le Maroc, ou qui fait son départ du Royaume. De son côté, le directeur Pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Ahmadou Moustapha Ndiaye, a estimé que l’hydrogène joue un rôle très important dans la transition énergétique du Maroc qui a défini son offre, soulignant le potentiel important du développement de l’hydrogène vert, ce qui aura des retombées très importantes, notamment en termes d’utilisation au niveau local, pour aider à la décarbonisation du transport maritime qui occupe un volet très important dans l’exportation et l’importation.
A noter enfin que le Royaume avait lancé il y a quelques mois l’offre Maroc en matière d’hydrogène vert. L’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) a reçu près de 40 demandes de projets dans les différentes régions du Royaume, six mois après la diffusion de la circulaire du chef de gouvernement relative à la mise en œuvre de «l’Offre Maroc» pour le développement de la filière de l’hydrogène vert.

Etude
Perspectives.. Lancée en janvier 2024 en partenariat avec le Groupe de la Banque mondiale et le cabinet international Royal Haskoning, cette étude vise à examiner les options spatiales, techniques et économiques pour la production des énergies vertes qui serviraient à la fois à l’exportation et à l’approvisionnement des navires en carburant vert dans les ports marocains. Les études de cas réalisées dans le cadre de cette étude concernent les ports de Tanger Med, de Jorf Lasfar, de Mohammedia et d’un port dans la région de Tan-Tan. Cet atelier a également réuni les principales parties prenantes ainsi que des représentants des principaux organismes publics tels que MASEN, IRESEN et Cluster H2. Suite à cette étude, des actions concrètes seront entreprises pour soutenir cette transition et concrétiser la feuille de route élaborée en collaboration avec les différents partenaires, en particulier les autorités portuaires. Des investissements publics et privés seront mis en place pour assurer la compétitivité et la durabilité des ports marocains dans cette nouvelle ère énergétique. Pour rappel, cette initiative s’inscrit dans la volonté du Royaume de réduire les émissions de gaz à effet de serre conformément aux engagements pris dans le cadre de sa CDN (Contribution déterminée au niveau national). Fort de son expertise dans le domaine des énergies renouvelables, le Maroc est idéalement positionné pour tirer profit de cette transition énergétique mondiale. Ce positionnement confère à nos ports un rôle central dans la chaîne logistique future, leur permettant de devenir des hubs d’exportation, notamment vers l’Europe.