Suisse

La Suisse n’investira pas davantage dans sa biodiversité

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L’initiative sur la biodiversité a provoqué la colère d’une partie des paysannes et des paysans, qui estiment agir suffisamment pour préserver la nature.


Keystone / Valentin Flauraud

Les Suisses ne veulent pas accorder plus d’espace et de moyens à la nature. Le peuple a balayé ce dimanche l’initiative sur la biodiversité à 63% des voix, selon la première projection de l’institut gfs.bern.

La recette proposée par l’initiative «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage» pour lutter contre le déclin de la biodiversité n’a pas convaincu le peuple suisse. 63% des citoyennes et des citoyens suisses ont refusé le texte, soumis ce dimanche en votation fédérale, selon la première projection de gfs.bern.


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Lancée par des associations de protection de la nature et de l’environnement, l’initiative voulait obliger les pouvoirs publics à affecter plus de surfaces et allouer plus de moyens financiers à la sauvegarde et au renforcement de la biodiversité. Elle prévoyait aussi d’ancrer une meilleure protection du paysage et du patrimoine bâti dans la Constitution.

La crispation du monde agricole

«Ce n’est pas un vote contre la biodiversité», a réagi la députée socialiste Jessica Jaccoud, qui était favorable au texte, sur les ondes de la RTS. Elle a rappelé que ce texte s’inscrit dans un cycle de plusieurs initiatives qui ont touché le monde agricole et qui a provoqué une certaine crispation. «Nous devons maintenant travailler sur des propositions qui réconcilient agriculture et écologie», a-t-elle déclaré.

Pour sa part, la sénatrice du Parti libéral-radical (PLR / droite) Johanna Gapany a estimé que le refus de l’initiative est le résultat de la mobilisation des agricultrices et agriculteurs, qui ont montré ce qu’ils faisaient déjà pour préserver la diversité de la nature. À ses yeux, le texte aurait eu pour conséquence d’augmenter les importations de produits alimentaires de la Suisse, ce qu’elle a qualifié de «non-sens du point de vue environnemental».

Les promotrices et promoteurs du texte ont mis en évidence la mauvaise santé de la biodiversité au sein de la Confédération. La moitié des types de milieux naturels et un tiers des espèces sont menacés, comme le reconnaît l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) lui-même. Une tendance est encore plus marquée que dans la plupart des pays d’Europe, toujours selon l’OFEV.

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Le texte n’a toutefois pas réussi à convaincre au-delà des rangs des partis de gauche et du Parti Vert’libéral (PVL / Centre). Une large alliance, qui réunit les principaux partis de droite et le Centre, les milieux agricoles et les organisations économiques, s’est formée pour combattre l’initiative. Elle l’a dépeint comme «trop extrême et inefficace» et considère que la législation actuelle suffit à promouvoir la biodiversité.

Une large alliance, qui réunit les principaux partis de droite et le Centre, les milieux agricoles et les organisations économiques, s’est formée pour combattre l’initiative. Elle l’a dépeint comme «trop extrême et inefficace» et considère que la législation actuelle suffit à promouvoir la biodiversité.

Clivage villes-campagnes

La campagne a divisé les milieux ruraux et urbains. Le texte a provoqué l’ire d’une partie des paysannes et des paysans, qui estiment agir suffisamment pour préserver la nature. Le monde agricole craignait aussi qu’elle ne limite fortement la production de denrées alimentaires, alors que les sondages ont montré que les agglomérations y étaient favorables.

Les tensions n’ont cependant pas été aussi importantes que lors de la campagne qui a précédé le scrutin sur les initiatives anti-pesticides en 2021, marquée par des débordements.